vendredi 6 mai 2011

Comment verriez-vous la vie à une échelle de 22 nanomètres? ou les nouveaux processeurs Tri-Gate d'Intel

Intel vient d'annoncer ce jour une véritable révolution avec son nouveau micro-processeur: Tri Gate, fruit de 10 ans de recherche. Nous avons tous présente à l'esprit la loi de Moore qui veut que le nombre de transistors sur une puce en silicium double tous les deux ans. C'est là la clé de la miniaturisation et de la mutation de l'univers électronique, des télécoms et du web. Avec d'ailleurs à l'horizon la limite théorique... et l'ordinateur quantique, sur lequel nous reviendrons bien un jour dans un futur billet, car là, il s'agit d'une toute autre histoire avec un saut qualitatif et dimensionnel incommensurable!

Or en matière de miniaturisation, Intel vient de franchir un pas de géant avec ce nouveau Tri-Gate. Tri Gate pour "trois portes" qui contrôlent le passage du courant avec ce nouveau micro-processeur 3D. Le principe? Diminuer la perte de courant et donc augmenter l'efficacité du processeur. La taille de gravure? 22 nanomètres. Le nombre "d'ouvertures"/"fermetures" des portes du transistor? 100 milliards de fois par seconde! De quoi donner le vertige.

Mais sauf si vous êtes un spécialiste, ces chiffres ne vous disent peut-être rien. Intel a eu la bonne idée marketing et virale de mettre en ligne une vidéo baptisée "Mark Bohr rétrécit: explication de ce que représente une échelle de 22 nanomètres" pour rendre accessible ces ordres de grandeur et la puissance associée. Une petite merveille de pédagogie et d'humour. (Avouez que s'appeler Bohr pour un spécialiste de la miniaturisation chez Intel... C'est un joli clin d'oeil à l'histoire et à.... Niels Bohr, l'un des pères de la mécanique quantique!)

Quant à la rapidité et à puissance de calcul associée... gageons que les résultats vont être impressionnants!

Allez, laissons-là les mots et en voiture, si j'ose dire, pour l'infiniment petit avec Marc Bohr et sa vie à l'échelle de 22 nanomètres!




Et après ça, vous vous sentez comment? A mi chemin entre Gulliver, Alice au pays des merveilles et Arthur et les minimoys... Non? ;-)

mercredi 4 mai 2011

Opendata: quels enjeux pour la France?

La France est très en retard par rapport aux Etats-Unis notamment en matière d'Opendata, avec un lancement récent et très tardif de ce programme. Pourtant, notre pays dispose d'une expertise et d'un historique de la collation de données statistiques éprouvés. Certains politiques comme Arnaud Montebourg ont compris les enjeux en plaçant leur campagne sous ce signe. Quoi qu'il en soit, c'est un vrai enjeu. Cette vidéo entre un acteur technique de l'Opendata (Data Publica) et un expert entrepreneur en matière d'Opendata (Captain Dash) est captivante.


Sommes-nous prêts à changer notre regard pour casser le mur de la différence?

"Su tu es différent de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis" Antoine de Saint-Exupéry

Le Corps en 3D et la virtualisation avec Google Body Browser: Une révolution pour la formation

Nous avons tous en tête nos cours de biologie d'hier. La squelette qui pendait lamentablement dans le labo; les blagues de potache avec un mégot que l'on coinçait entre les mâchoires... Ça ne vous a pas empêché d'apprendre.

Google, (eh oui, encore lui...), a récemment sorti un site: bodybrowser.googlelabs.com qui permet d'effectuer une exploration en 3D et virtuelle (faculté de manipuler) du corps humain: anatomie, squelette, muscles, système nerveux, circulation sanguine, etc. Il ne manque rien. L'ensemble des éléments peuvent être identifiés au moyen de la souris. On peut effectuer des rotations. On peut zoomer. C'est époustouflant.

Et c'est surtout un incroyable outil pour les enseignants, la formation, l'enseignement. Il ne manque plus que les ordinateurs en nombre dans les salles de classe et les labos de SVT (barbarisme pour "Sciences de la Vie de la Terre"). Ce n'est pas gagné... Mais comme elles en ont de la chance, nos chères têtes blondes, d'avoir de tels outils à leur disposition. Elles n'auront plus d'excuses pour dire que la bio, c'est ..... !




mardi 3 mai 2011

Que diriez-vous de reparcourir l'Odyssée Kubrick en 3 minutes?

Trois minutes 31 secondes exactement, pour parcourir l'odyssée unique à laquelle le Maître Stanley Kubrick nous a invité en une vie de création cinématographique. 3 minutes 31 secondes pour faire ressurgir de notre mémoire et revivre une anthologie jamais égalée. Merci à mon ami Jean Boileau, sur Twitter, de m'avoir fait découvrir cette petite perle.



lundi 2 mai 2011

Que diriez-vous de retrouver le face à face Mitterrand-Chirac de 1988? Retour sur la fonction présidentielle et sur le débat relatif au FN

Dans la grande constellation des médias sociaux, j'ai le plaisir d'échanger avec Pascal Cardonna, coordinateur multimédia à Radio France, Entrepreneur et Producteur, acteur boulimique et talentueux des NTIC.
Sur son blog, ce professionnel des médias passionné de web social a lancé il y a quelques jours une saga intitulée "Hors-Série Présidentielles 1974-2012".

L'occasion de revenir, en vidéo, sur les débats qui ont marqué les campagnes électorales depuis 1974. Un peu d'histoire pour ceux qui était trop jeunes, voire pas nés et qui iront aux urnes dans un an. Un flashback pour tous les autres, dont je suis.
Dans tous les cas, je trouve opportun de profiter de cette occasion pour réfléchir sur la fonction présidentielle sous la Vème République, ainsi que sur la façon de prendre en compte le Front National sur le plan électoral.

L'initiative de Pascal Cardonna est intéressante. D'autant plus que certains de ces débats ont marqué un tournant lors des dites campagnes, voire même ont fait basculer l'issue du scrutin. Dans tous les cas, ces débats ont donné lieu à des passes d'armes savoureuses qu'on ne saurait oublier. Leur matière était aussi étonnamment voisine de certains débats actuels. D'où le propos.

Retour donc sur le débat entre les candidats François Mitterrand et Jacques Chirac, au studio 101 de la Maison de la Radio, ancêtre de Radio France.


Des Présidents et des Premiers Ministres sous la Cinquième République

C'est avec la plus extrême délectation que j'ai regardé et retrouvé l'ambiance électrique de l'entre-deux tours de 1988 et cet extrait du débat du 24 Avril lors duquel un François Mitterrand habile et cynique, avait terrassé "l'animal politique" Jacques Chirac. Interpellé par  ce dernier en ces termes: "Ce soir, je ne suis pas le Premier ministre et vous n'êtes pas le président de la République, nous sommes deux candidats... vous me permettrez donc de vous appeler Monsieur MITTERRAND."- François Mitterrand avait répliqué du tac au tac : "Mais vous avez tout à fait raison Monsieur le Premier Ministre". Vainqueur par KO avec 11 mots. Un modèle d'exécution politique en règle.

On savourera également la prestation d'un François Mitterrand, Président arbitre "au-dessus de la mêlée", installé dans la fonction  présidentielle voulue par le Général de Gaulle avec la constitution de la Vème République. Lorsqu'il était dans l'opposition, le seul chef de l'Etat qui aura eu à assumer deux périodes de cohabitation, n'avait pas de mots assez durs pour qualifier de "Coup d'Etat permanent" la "monarchie républicaine" instaurée par la constitution de 1958. Mais jamais aucun Président n'aura poussé aussi loin l'incarnation de cette même monarchie, ce qui donnera naissance à la première cohabitation; puis à une seconde!


Jacques Chirac se sera visiblement souvenu des leçons de son adversaire irréductible autant que de son maître inavoué, lorsqu'il aura à son tour à affronter la troisième cohabitation avec Lionel Jospin comme Premier Ministre entre 1997 et 2002, suite à la déroute électorale née de la dissolution ratée de 1997 (largement inspirée par Dominique de Villepin).

François Mitterrand avait politiquement tué Jacques Chirac en 1986; puis Michel Rocard en 1988; puis Edouard Balladur entre 1993 et 1995, (malgré lui ici, et malgré une cohabitation de velours, sa préférence allant à Edouard Balladur qu'il avait "joué" pour torpiller la candidature de... Jacques Chirac). Trois victimes d'un exercice du pouvoir hyper-présidentiel, consistant à nommer chacun d'entre ces Premiers Ministres pour mieux les neutraliser dans la course à l’Élysée. La Cinquième République: une machine à priver les Premiers Ministres de toute ambition, et surtout de toute réussite présidentielle.

Jacques Chirac ne fera pas autre chose en "tuant" à son tour celui qu'il nommait "le meilleur d'entre nous", Alain Juppé, puis Lionel Jospin, quelle que soit l'analyse a posteriori du poids des voix de Jean-Pierre Chevènement qui auront fait défaut à ce dernier au premier tour de l'élection présidentielle de 2002, ouvrant un boulevard à Jean-Marie Le Pen pour le 2ème tour, barrage étant fait au moyen du "vote républicain" dont l'issue sera l'élection de Jacques Chirac avec 82,21% des suffrages, score digne d'une démocratie populaire. Bis repetita placent.
Les successeurs de Lionel Jospin lors du second mandat de Jacques Chirac sortiront en outre politiquement éreintés de l'exercice: Jean-Pierre Raffarin, puis Dominique de Villepin.

Le débat de 1988 aura visiblement servi de cruelle mais très efficace leçon à Jacques Chirac!

Se positionner à l'index 00:40 pour retrouver le débat de 1988



Continuons avec le débat de 1'entre-deux tours de 1988, mais à propos du Front National.

En 1988, parmi les thèmes abordés, il y avait aussi  le Front National. Et oui... déjà. Sur ce thème, on notera la toujours parfaite mauvaise foi et le parfait cynisme de François Mitterrand qui avait réintroduit en 1985 la proportionnelle afin de déstabiliser la droite aux législatives de 1986, ce qui ne l'empêche pas de dire la nécessité de faire barrage, ainsi que tout le mal qu'il pense de la montée du Front National, tout en flattant son électorat. Magnifique exercice de style digne de Machiavel. Mitterrand, Sphinx et Machiavel tout à la fois. Vous goûterez également la rhétorique politique et la faiblesse absolue de l'analyse qui consistait déjà, là aussi, à considérer que le vote Front national constituait un message et non un vote de conviction, et que ce message méritait d'être entendu.

Un autre Président de la République, beaucoup plus proche de nous celui-là et 23ème dans la fonction, aura lui aussi soufflé sur les braises depuis des années (et encore maintenant au moyen de son Ministre de l'Intérieur), et largement nourri un incendie qu'il ne semble plus du tout pouvoir maîtriser, pas plus d'ailleurs que ses opposants, incendie au demeurant largement alimenté par une extrême dégradation de l'environnement économique et une gouvernance visiblement absente et/ou impuissante à traiter sur le fond les nouveaux défis qui s'imposent, dont les conséquences des crises de 2008.

1988-2011, à la veille de l'élection présidentielle de 2012: la question du poids électoral du Front National non seulement est intacte, mais qui plus est elle s'est aggravée.

La problématique demeure. A ceci près que Marine Le Pen, à un an de la présidentielle de 2012, est créditée de 23 à 24% des voix, et assurée d'être présente au second tour. Mais avec ce changement majeur: une percée inégalée du Front National dans l'électorat ouvrier, avec un score de 36% en faveur de Marine Le Pen. Cruel et singulier retour à la psychologie collective des années 30.

A force d'avoir cru qu'il ne s'agissait que "d'écouter" et "d'entendre"; à force de diaboliser le Front National; à force de voir dans le vote Front National uniquement un vote protestataire; pour n'avoir tiré aucun enseignement du vote du 21 Avril 2002, les grands partis auront permis l'émergence d'un "bloc", véritable "noyau dur" électoral FN décomplexé parce que "dé-diabolisé", qui ne se laisse désormais absorber ni par une UMP qui se radicaliserait en se "droitisant" à la veille des élections pour des raisons tactiques, ni par le populisme revendiqué de Jean-Luc Mélenchon, ni a fortiori par aucun parti d'une gauche extrême, radicale ou historique (le PC), aujourd'hui littéralement satellisée par la recomposition de la carte politique.

Autant dire une authentique force politique que ni les récupérations sophistiques sur le mode "les français sont exaspérés et ils le disent" qui font écho aux propos de Jacques Chirac en 1988, ni les analyses pseudo rassurantes sur la faiblesse des sondages à 12 ou 14 mois de la présidentielle  sur le mode "on ne peut pas savoir ce qui se passera à 8 jours de l'élection", ne pourront fragiliser.

C'est dire si le débat de 1988 entre François Mitterrand et Jacques Chirac est d'actualité dans son intérêt intrinsèque comme dans ses enjeux politiques!


Le débat est ici en version intégrale. On trouvera à l'index 00:07:00 le début du passage relatif au front national





"Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le revivre" Georges Santayana

Le pianiste Kit Armstrong: un nouveau Lorin Maazel?

Il y avait Lorin Maazel (vous trouverez ici une très belle interview). Il faudra désormais compter avec Kit Armstrong. Je viens de découvrir ce prodige de 19 ans. Un interprète de Bach FABULEUX: aisance, phrasé, ligne mélodique, rendu du contrepoint, fluidité, lyrisme, maîtrise de la structure. Bref, passionnant. Et BEAU. Incroyablement beau.
De plus, le prodige avait composé plusieurs concerti à 10 ans, est au Curtis Institute de Philadelphie (La crème! Nina Simone avait rêvé d'y entrer, mais sans succès... elle était noire), étudie aussi à la Royal Academy et avec Alfred Brendel, LE maître pour Mozart. Enfin, ce modeste génie étudie les sciences mathématiques pures à Pierre et Marie Curie. Ouffff !!! 
C'est un musicien accompli avec un potentiel gigantesque. A écouter et réécouter et à suivre de très près! C'est vraiment un nouveau Lorin Maazel. Un joyau.

Écoutons le ici dans le premier concerto pour Clavier de Bach, la version intégrale ayant été mise en ligne sur Youtube il y a 3 jours à peine, le 29 Avril.
Kit Armstrong est au piano. L'immense Ricardo Chailly dirige l'Orchestre du Gewandhaus  de Leipzig.