mercredi 30 novembre 2011

Religion et pédophilie: le serpent de mer

Chose lue

Suite à la publication sur le site du Monde de l'article "Les Béatitudes en redressement spirituel", à l'occasion de l'ouverture du procès de Frère Albert, ancien religieux accusé de pédophilie. 

Sectes et dérives sexuelles, suite. Mais hélas sans fin, puisque c'est dans l'ADN même de telles communautés.

Mise à jour 03/12/2011
L'homme aura été condamné à 5 ans de prison. Affaire classée donc. Mais problème intact.


Capture d'écran du site europe1.fr

Réformer n'est pas jouer


En Angleterre, ce qui fait aujourd'hui descendre les britanniques dans la rue, en France, en Italie, en Grèce, en Espagne, partout en Europe, l'antienne réformiste retentit: "Nous avons réformé avec succès"; "nous avons entrepris toutes les réformes nécessaires"; "nous avons su mettre en oeuvre des réformes audacieuses"; "il faudra réformer davantage"; "nous devons réformer"; "grâce à la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques) et aux réformes associées, nous avons pu réaliser d'importantes économies budgétaires et améliorer le service public" (ce qui n'engage que ceux qui le disent car les citoyens ont de toute évidence une autre perception). 

Santé, retraite, famille, éducation, chômage, fiscalité, Etat. Il n'y a rien, absolument plus rien ni ne tombe désormais sous le coup de cette universelle manie réformiste. Accompagnée des gesticulations électoralistes que l'on sait, dont la France n'a pas l'exclusivité tout en constituant un symbole, ridicule, de choix.

Ailleurs, à Bruxelles et aujourd'hui même, on débat pour savoir s'il faut ou non réformer ou réviser les Traités européens, la question de l'élargissement des pouvoirs de la BCE étant désormais ouvertement posée. Il en va de même pour les missions du FESF qu'il faut déjà réformer alors que la dernière réforme, celle d'Octobre 2011, est mort-née, puisque ni son capital ni ses moyens d'action n'ont été formellement fixés. Et que, blocage institutionnel obligeant, il faut se tourner vers le FMI. FMI qui est lui-même est interpellé dans l'étendue de son pouvoir économique, la réforme de sa capacité financière commençant à poindre. 
La crise frappant, et le risque systémique étant mondial, construction européenne et mondialisation rime désormais avec réforme d'urgence des institutions clés.

L'OCDE, les agences de notation, et les marchés qui leurs emboîtent le pas, y vont tous de leurs recommandations - de leurs impératifs? -, concernant les réformes qui devraient être entreprises pour faire face à la crise en général, à la crise de la zone euro en particulier, à la récession. Or la réforme, point de salut, les Etats étant condamnés à la faillite.

Régionale ou mondiale, économique ou politique, institutionnelle, rien n'échappe à cette obsession de la révision qui est devenue un véritable paradigme socio-politique. 

A ceci près.

A ceci près que gouverner, ce n'est plus - mais cela l'a-t-il jamais vraiment été, la chose ne se faisant que de plus en plus caricaturale en raison de la disparition du politique au profit des acteurs financiers devenus incontrôlables?- conduire une politique au service des usagers des services publics, des citoyens, d'une Nation, d'un ensemble de nations, dans le respect, avec l'adhésion et dans le souci du bien commun de ceux qui en sont à la fois le corps et le but. 

A ceci près que gouverner ce n'est plus anticiper pour tracer des perspectives locales, régionales, mondiales, que l'on va chercher à réaliser en tenant compte de ce qui précède.

A ceci près que gouverner ce n'est plus chercher à contribuer à la création de ressources qui deviendront une promesse de richesse pour les générations futures, richesse que l'on cherche à voir partagée de la façon la plus équitable qui soit.

A ceci près que gouverner ce n'est plus tenter d'introduire des mécanismes, des équilibres, des rapports stables et pérennes, cette permanence étant pour une large part héritée du consensus qui leur donne naissance. 

Gouverner, c'est désormais réformer. 

Le moyen est à présent devenu le but. La réforme se suffit à elle-même. Et s'épuise d'autant plus vite qu'à la fois elle rate systématiquement son objectif, où qu'elle soit déployée, sous quelque forme qu'elle soit manifestée; et ainsi se décrédibilise, et le politique avec, renforçant les craintes et donc la pression des marchés.

En voudrait-on une ultime illustration qu'il suffit de considérer le plaidoyer pro domo affligeant que François Fillon croit devoir faire de sa RGPP, précisément. Mais on pourrait dire la même chose de la gouvernance financière ratée bien que réformée avec l'accord dit Bâle III, les banques étant exposées de la même façon qu'avant 2008 comme le prouve la dégradation annoncée de 84 d'entre elles pour la zone Europe; de l'empilement des plans de rigueur sur fond de réforme présentées comme "structurelles" mais si peu qu'on doive y revenir tous les ans comme c'est le cas par exemple de la réforme des retraites; de la réforme institutionnelle d'un FESF qui n'aura pas tenu 1 mois et qu'on doit désormais intégrer à un nouveau schéma révisé qui voit le dit Fonds adossé au FMi, etc.

Voilà bien le paradoxe: la gouvernance s'est dissoute dans la réforme. Et de se suffire à elle-même, la réforme ne renvoie plus à rien à force d'échouer systématiquement. La réforme ou l'échec érigé en paradigme. 

Mais pourquoi?
Parce que réformer n'est pas jouer.

Car y a-t-il quelque chose de commun à toutes ces réformes, à tous ces outils?
La réponse tient en un mot: réduire.

Réduire la dépense publique; réduire les effectifs; réduire la protection sociale; réduire la faculté des Etats de décider souverainement de leur politique budgétaire même inscrire celle-ci dans un cadre de convergence et de fédéralisme qui ne dit pas son nom; réduire la part d'incertitude et donc le risque que représente toute communauté humaine considérée politiquement; réduire ... tout!

La réforme, c'est la réduction universelle, qui ne parle jamais, ou si peu et si mal et quoi qu'il en soit jamais durablement, de ce que l'on construit, de ce que l'on acquiert, du rapport sous lequel on se développe, de ce que l'on lègue au futur. 

La réforme, là encore dans un incroyable paradoxe, c'est le règne de l'instant politique. Ce qui est normal, puisque la réforme tient lieu de politique et se suffit à elle-même. Veut-on prouver qu'on est un "bon politique" qu'il suffit, croit-on, de dire qu'on a réformé. Tout est là. On ne se préoccupe plus (une fois les apparences repoussées) des fruits de la réforme inscrite dans la temporalité, la réductrice réforme tenant lieu de bréviaire, et de blanc-seing.

Le mythe de la réforme ou la grande illusion de l'avènement de l'ère néo-libérale. 

Qui pourrait s'exprimer ainsi: 
Puisque l'on n'a prise sur rien, les marchés introduisant une incertitude comme une instabilité structurelles et universelles, il ne faut plus cesser de réformer tout, tout le temps, les marchés constituant la fin de toute chose.
Le mouvement même de la réforme, son essence, étant la contraction permanente, toujours étendue, universelle, des dépenses publiques: la réduction qui devient à son tour en elle-même la modalité par excellence de l'action politique.

Gouverner, c'est réformer. Et réformer c'est réduire. 
Voilà le dogme néo-libéral considéré d'un point de vue socio-politique.

Mais pourquoi évoquer à ce sujet la dimension "mythique" de la réforme?

Pour une raison très simple qui tient à la nature même de la réforme: 
Réformer, c'est introduire une rupture fondatrice qui va générer un nouvel ordre. Ordre qui prendra appui sur elle et se développera jusqu'à la plus parfaite expression de sa propre fécondité. Et qui sera sans doute, un jour, remis en cause par une nouvelle rupture fondatrice.

Or la réforme universelle qu'on nous présente ne contient aucun des attributs d'une réforme authentique.

Les réformes présentées partout n'introduisent aucune rupture qui ne font que développer dans toutes ses conséquences une idéologie et une théorie économique clairement identifiables: il s'agit de satisfaire à des exigences purement financières d'investisseurs qui n'ont aucun souci du long terme, obsédés qu'ils sont par la rentabilité à court terme. Le marché devenant le moteur et le modèle de tous les échanges. Ce qui est la définition du néo-libéralisme. Prétendant "réformer", on ne réforme donc rien puisqu'il n'y a aucune rupture ni épistémologique, ni économique, ni politique. 

De "nouvel ordre" il n'y a pas, le chaos étant le maître mot, la profitabilité augmentant à proportion directe du niveau de désordre induit. On sourira donc tragiquement de voir les politiques s'escrimer à mettre en oeuvre des trains de mesures budgétaires avec un coût économique et social astronomique, lors même que ceux qu'ils entendent ainsi satisfaire ne souhaite en réalité qu'une seule chose: le désordre qui leur est plus profitable. On repensera, c'est évident au symbole que représente Goldman Sachs, conseiller ici et spéculateur là. On repensera aussi par exemple à l'analyse de Naomi Klein. 

De dimension temporelle il n'y a pas non plus. Le but de la réforme n'est pas de "durer" mais de "répondre" à une situation donnée en un instant "t". D'où l'empilement des réformes.

Où l'on voit que d'invoquer en permanence "la réforme", on l'a en réalité, par soumission non assumée à une idéologie économico-politique, poussée hors le champ de l'action politique.

Réformer n'était pas jouer.

Perdu. Vous êtes morts.





Le Sommet de Durban ou l'agonie du climat


Chose lue

A l'occasion du Sommet sur le Climat de Durban (11/2011)

L'agonie du climat sur fond d'agonie du Protocole de Kyoto, après le semi-échec de Copenhague et la farce de Cancun, au dela des apparences.
Quelle planète allons-nous laisser a nos enfants?



Capture d'écran du site lemonde.fr


lundi 28 novembre 2011

Entrée en récession de la zone euro: l'interminable descente aux enfers


Chiffres. Ceux du jour, qui émanent de l'OCDE pour les deux années à venir.


0,2% : la croissance prévue pour la zone euro en 2012. Zone qui va donc entrer en récession en tant qu'entité économique.

0,3% : la croissance du PIB français pour 2012. Qui va donc elle aussi entrer en récession. La nécessité s'imposant de définir et mettre en oeuvre un 3ème plan de rigueur en 90 jours pour trouver les 8 milliards d'euros manquant au regard de l'objectif de réduction de déficit. On rappellera, pour mémoire, que le budget 2012 qui vient d'être voté prévoyait une croissance de 1%. Il devait être "responsable" selon le gouvernement. CQFD. 

10,4% : le taux de chômage prévu pour la France en 2012. Prévoir donc une explosion du chômage en France pour environ 400 000 chômeurs de plus. D'où un effectif global d'environ 4,5 millions. Et la spirale récessive associée, puisque la croissance française est tirée par la demande intérieure et non les exportations.

Les recommandations de l'OCDE:

1) Réduire les dépenses
2) Fusionner l'administration centrale et les collectivités territoriales (communes, départements)
3) Diminuer la durée d'hospitalisation, dérembourser les médicaments, dérembourser les consultations médicales
4) Mettre en oeuvre des réformes structurelles accélératrices de croissance
5) Accroître la fiscalité environnementale et sur la propriété; Diminuer la fiscalité du travail
6) Déréglementer afin de stimuler la concurrence.

La musique n'est pas nouvelle de la part de l'OCDE. Ce programme est exactement celui attendu par la Chine et les BRICS pour déferler de façon irrépressible sur la zone Euro et la laminer. Il est conforme aux attendus comme aux règles de l'OMC, ainsi qu'à la culture du FMI et même de la Commission Européenne.

Mais il ne règle rien. Car on ne cesse depuis des années de mettre en oeuvre des plans de rigueur et des politiques réalisant tout ou partie de ces objectifs. Avec l'absence de résultat confirmée, hélas, par les chiffres du jour de l'OCDE.
Ces derniers constituent donc une preuve éclatante de l'inefficacité des mesures proposées et adoptées jusqu'ici.

C'est donc qu'il faut poser le problème autrement. 
Et si un certain modèle social européen n'était pas un handicap mais une opportunité pour l'économie (ce dont l'évolution de la mentalité et des attentes chinoises par exemple fournit un signe)? Et si les politiques budgétaires étaient "recentrées sur", c'est à dire rééquilibrées "en faveur de", la demande et non sur l'offre?

Le débat est vieux comme le XXème siècle: Friedman vs Keynes

Pour l'heure Friedman a - très largement - gagné. Par KO pourrait-on dire. 
Mais gagné quoi exactement, puisque la sanction est l'appauvrissement général constaté?

Nous savons hélas qu'il y a suffisamment de fous pour penser qu'il faut aller encore plus loin, car d'après eux si appauvrissement il y a, c'est parce que l'on n'est pas allé assez loin dans la libéralisation de l'économie. Ce qui nous promet inévitablement une croissance négative et une paupérisation généralisée des Etats et des peuples. A un horizon rapproché.

Et après?

"Errare humanum est, perseverare diabolicum"


Mise à jour 18h00
Il va de soi que les incantations de François Baroin relatives au rejet d'une logique de 3ème plan de rigueur et la nécessité d'une réponse européenne et concertée ne changent rien à l'analyse qui précède. Chacun des plans étant toujours présenté comme le dernier. Et chaque accord concluant tout Sommet Européen ou du G20 étant toujours présenté comme "définitif". Ce qu'aucun n'est jamais, par définition tant qu'on ne touche pas aux causes, c'est à dire au modèle économique mis en oeuvre.






Le miracle italien



Remarquable Mario Monti

1) Laisser faire à feu Berlusconi le sale travail de mise sous tutelle de l'Italie par la Commission et le FMI. Et de la sorte, faire retrouver au pays le chemin d'une crédibilité financière y compris hors de la zone euro.

2) S'imposer comme le redresseur incontournable de l'Italie. Homme d'autant plus providentiel qu'il fut Commissaire européen et qu'il est un ancien de Goldman Sachs. Et tenir un discours fédérateur et réaliste (Rigueur, croissance, équité) rassurant pour les italiens et au-delà (agences, marchés).

3) S'imposer comme le nouvel homme fort de la zone euro grâce au milliards promis par le FMI et négocier d'égal à égal avec Sarkozy et Merkel. Car il sait très bien que l'économie italienne est en bien meilleure santé que celle de l'Allemagne (qui entre progressivement en récession et qui commence à être exposée au problème de la dette), et de la France (qui va perdre son triple A).

4) Redresser l'Italie avec l'argent du FMI (en court-circuitant le FESF inexistant et la BCE indigne campée sur ses statuts pour ne pas prêter et ne plu soutenir quelque Etat que ce soit). Car 600 milliards d'euros, c'est 160 milliards de plus que la dotation totale du FESF en panne. Et 60% de la dotation théorique totale (mais non libérée, et pour cause) du dit FESF. Une somme que les européens n'ont pas les moyens de débourser.

C'est l'Italie qui est en train de devenir un acteur majeur de la zone euro. Avec son excédent primaire et sa croissance meilleure que la nôtre.

Il n'est pas dit, mais alors pas du tout, que nous n'ayons bientôt à envier - précisément lorsque la France va perdre son triple A en 2012- la situation de l'Italie. Qui l'eût cru?






Les agences de notation sont de meilleurs politiques que les politiques


Suite à l'annonce par l'agence de notation Moody's de la dégradation programmée des notes des Etats de la zone euro (Ici pour l'article du monde daté du jour sur le sujet; et ici pour la note détaillée en anglais sur le site de Moody's)

Je m'exprime souvent ici et ailleurs sur le sujet des agences et des marchés. Y compris pour dénoncer la dangereuse dérive de la prise de contrôle directe et indirecte de la décision politique par ces établissements qui sont juge et partie et confondent, tout comme les marchés, politique et management, gestion économique et financière et conduite de la politique d'une nation, élection et nomination ou validation, démocratie et totalitarisme.

Mais puisque la nature a horreur du vide et que les politiques européens (mais ni plus ni moins que leurs homologues hors la dite zone) n'occupent pas leur place et n'assument pas leurs responsabilité dans ce qu'elles ont d'essentiel, je veux parler de gouvernance et de construction politique, les agences de notation finissent par prendre et occuper une place déterminante dans la lecture qu'il faut faire des évènements économiques qu'elles créent pour partie (et là se tient en effet l'une des difficultés voir des incohérences du pouvoir auto-réalisateur des annonces de ces acteurs là), tout comme dans la définition des perspectives et moyens utiles au redressement de la zone euro.

Les agences de notation, comme les marchés, mais de façon encore plus directe puisqu'elles ont pour fonction d'évaluer, non seulement font ouvertement de la politique, nous le savions. Mais encore mieux que les politiques, et là est la nouveauté.

Car que ressort-il de la note d'analyse (de solvabilité, destinée aux investisseurs) de Moody's pour la zone euro rendue publique ce matin même?  
Que dit donc d'extraordinaire cette agence qui pointe de façon criante la carence de construction politique de la dite zone malgré les rodomontades élyséennes et la diplomatie aux forceps d'Angela Merkel?


I - Que la zone euro maintiendra son unité sans autre défaillance que celle la Grèce

Et de préciser que ce " "scénario 'positif' est porteur de conséquences très négatives pour les notes" des Etats européens. 

Schizophrénie? Que nenni! Le message est on ne peut plus clair qui pointe cette contradiction phénoménale: la défaillance grecque a été dépassée par une mobilisation immédiate sans précédent de la Commission Européenne, des Etats membres de la zone, de la BCE, des Banques qui se sont pliées aux exigences des Etats (mais avec des contreparties de taille), du FMI. Mais sur le fond, rien n'a changé. 
  
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, puisque les banques sont toujours insuffisamment capitalisées, puisque le confinement des dettes souveraines n'est toujours pas réalisé, puisque la force de frappe du FESF n'est toujours pas constituée (le fond n'étant ni doté en cash de façon suffisante; ni organisé pour que l'effet de levier dans un rapport de 4 à 5 soit effectif), puisqu'aucun mécanisme financier stable et permanent ne permet de faire face en cas de contagion effective de la dette d'un Etat, alors le cas échéant, les Etats de la zone euro devront non pas absorber une difficulté mais à nouveau gérer une situation de crise avec des moyens de crise.
  
Ce que l'agence reproche aux dirigeants européens, c'est tout simplement et quelles que soient les raisons, de n'être pas prévoyant, ce qui est pourtant l'essence de l'action politique, puisque gouverner c'est prévoir. De ne pas savoir, la crise grecque passée qui menaçait toute la zone, installer des institutions financières efficaces et durables. Pour ne plus avoir à gérer des situations de crise à répétition, précisément, qui affoleront les marchés et fragiliseront les économies nationales. 
Une agence de notation qui demande aux Etats de faire de la politique. La situation est savoureuse si elle n'était tragique pour les économies de la zone euro.


II - Que les politiques européens doivent, et la chose est exprimée de façon explicite,  faire de la politique
  
"Alors que la zone euro dans son ensemble possède une force économique et financière énorme, la faiblesse de ses institutions continue d'entraver la résolution de la crise et de peser sur les notes. En l'absence de mesures politiques qui stabiliseraient la situation des marchés à court terme, ou de stabilisation de ces marchés pour toute autre raison, le risque de crédit [associé aux pays européens] va continuer de monter."
  
La formule mérite d'être relue. Oui, l'agence de notation souligne la puissance de la zone euro. Là où les politiques eux-mêmes semblent ne pas en avoir conscience, transis qu'il sont face aux  notes d'analyse et aux perspectives et échéances de notations. Paralysés qu'ils sont face aux marchés qui eux aussi, connaissent si bien la puissance de la dite zone qu'ils peuvent continuer à spéculer en toute tranquillité, convaincus, à juste titre, que les Etats sauveront toujours ce qui doit l'être. Même in extremis. Même à n'importe quel prix (y compris à celui donc, d'une "casse" économique et sociale effrayante, celle-là même qui est en cours).   
  
Mais alors que manque-t-il? Des "institutions" fortes et des "mesures politiques" de "stabilisation"! Le FESF n'était sans doute pas une mauvaise idée. Encore fallait-il le constituer rapidement et le doter d'une puissance financière réelle. Ce qui ne fut pas fait pour cause de divergence entre la France et l'Allemagne sur la question des garanties. Ce qui n'est toujours pas fait.
La BCE pourrait voir son rôle renforcé et élargi. Mais là encore, les désaccords principalement franco-allemands buttent sur la responsabilité financière du bras armé de la zone euro.
D'un mot, là encore, les institutions européennes étant d'essence politique, Moody's ne fait rien d'autre que de souligner la carence de dimension politique de la construction européenne qui butte sur les égoïsmes nationaux. 
Une agence de notation qui demande à des Etats qui ont décidé de promouvoir une construction commune d'accélérer ce processus d'intégration, ce qui est en soi et pour eux un facteur de stabilité et donc d'équilibre des comptes et de prospérité pour l'édifice commun, voilà qui ne manque pas de sel. 


III - Que puisque les politiques ne comprennent rien à rien et sont trop lents à construire l'Europe, les Etats devront apprendre du pire et se construire à travers ce dernier

"l'élan politique pour mettre en œuvre une solution efficace à la crise pourrait n'être trouvé qu'après une série de chocs, ce qui pourrait mener davantage de pays à se voir privés d'accès aux marchés du financement pour une période prolongée".
  
En définitive, si les crises sont appelées à se succéder, ce n'est pas la faute des marchés. La responsabilité est imputable aux politiques et eux seuls, qui, ne promouvant pas les institutions financières européennes, et, lâchons le  mot, un fédéralisme européen impliquant une forte intégration budgétaire (même si les modalités doivent en être soupesées et négociées, mais précisément, le débat est purement politique), laissent la porte ouverte à une spéculation effrénée sur les dettes souveraines notamment. 
Cynisme? Mais, une fois encore, les marchés sont amoraux. Il s'agit de faire de la politique qui elle, devrait être saine sur le plan de la gestion et morale sur le plan des formes et de la répartition des efforts. La solidarité des Etats n'est pas un vain mot, s'agissant par exemple de la mutualisation des dettes, dont l'idée progresse, mais trop lentement (la faute à l'Allemagne) et pour une fraction trop réduite des Etats (toujours la faute à l'Allemagne et à son obsession d'une Europe en cercles, le premier semblant aujourd'hui ramené à 5 Etats).
  
Nous devrons donc apprendre des échecs, l'Europe accouchant d'elle-même dans la sueur et les larmes. La faute aux marchés? La faute aux agences? En rien. La faute aux politiques et aux politiques seuls qui ne savent pas dépasser les tensions entre Etats, normales, pour se projeter dans une construction fédérale ambitieuse dont la mutualisation des dettes est une dimension centrale, voire un pivot.
Là encore, Moody's donne une leçon de saine politique européenne.


IV -  Que puisque les politiques semblent ne pas prendre la mesure de l'urgence, l'explosion de la zone euro n'est plus une fiction, mais un scénario plausible, et presque inévitable si la crise n'est pas gérée par le haut.


"Moody's indique devoir considérer "la probabilité d'un scénario encore plus négatif". Selon elle, "la probabilité de défaillances multiples […] d'Etats de la zone euro n'est plus négligeable" et ne cesse d'augmenter en l'absence de solution à la crise."

Ce qui est parfaitement exact. Car à force de prendre le risque, faute de construction accélérée, de voir des Etats mis en défaut, ce qu'ils ne peuvent pas ne pas être, la nécessité s'imposera, inéluctablement, pour certains d'entre eux de prendre le pari insensé mais inévitable de retrouver leur monnaie et de procéder à une dévaluation immédiate. Ce qui accélérera encore le processus de désintégration de la zone euro.

L'Europe se détruira donc d'autant plus vite qu'on ne l'aura pas construite avec la rapidité et l'intégration qui s'imposait.

Mais qu'y a-t-il donc dans ces analyses d'original que les Etats ne sachent ou ne puissent savoir? Moody's un oiseau de mauvaise augure? 
Le réalisme consiste à voir que Moody's ne fait que mettre en lumière les inconséquences d'une construction européenne qui s'est arrêtée en chemin, axée qu'elle était sur le volet monétaire sans embrasser la dimension économique d'intégration budgétaire. Ou si mal avec un pacte peut-être adapté mais aucune convergence de fait des politiques budgétaires et fiscales. Or ce volet là n'est autre que politique.

Moody's se trouve ainsi en situation de souligner sur le plan de l'économie politique normalement du ressort des politiques eux-mêmes, la nature et l'urgence des décisions politiques utiles à la préservation par la zone euro de ses propres intérêts.

Retournement historique sans précédent dans lequel les acteurs économiques sont contraints de rappeler les politiques à leurs propres responsabilités. 

C'est dire la responsabilité gigantesque des chefs d'Etat qui sont visiblement incapables de se hisser au niveau des exigences de leur fonction. Etant rappelé que cette incurie se paye du prix d'un accroissement de la charge de la dette supportée par les citoyens. Ces derniers apprécieront.


Capture d'écran du site lemonde.fr

Tatyana Nikolaïeva et l'école russe

Instant musical


L'Ecole russe dans toute sa splendeur.
Puissance, clarté, précision absolue, intensité, continuité, intelligence à fleur de clavier, fulgurance.
Pour prendre deux figures éloignées, on pense par exemple à Richter et à Lugansky. Mais voilà qui n'est pas un hasard. Tatyana Nikolaïeva fut le professeur de ce dernier.

Il y a incontestablement une manière russe s'agissant de l'interprétation de Bach (mais pas seulement), mélange paradoxal d'obsession architecturale et de lyrisme débridé.
D'où le caractère envoûtant et unique. 

Titanesque.




Guéant: un écoeurant Ministre


Chose lue


L'insoutenable vacuité de l'être

Mais... "Guéant" rime avec "néant"!
Voilà qui est à la fois insignifiant, parlant,
Et peut-être inquiétant,
S'agissant du Ministre "du dedans".

Mais il n'y en a sans doute plus pour longtemps.
Voilà qui est rassurant.
Ça finit par être écoeurant.




Capture d'écran du site lemonde.fr



dimanche 27 novembre 2011

Pianostalgie


Instant poétique

Au hasard de l'écoute de deux anciens instruments (ici et )

Le charme unique
D'un vieux piano abandonné;
Ce son magique
Touchant d'être désaccordé.

Et ce bonheur si nostalgique
Qui se nourrit de nos années


*









Grande marée


Au fil des jours

A des amis virtuels. La veille d'une grande marée.

110. 

Comme un grand coefficient de marée.
La mer qui se retire à près de 3 kilomètres;
Crevettes (elles sont adultes et charnues en ce moment), palourdes, étrilles, tourteaux peut-être, éperlans...
Et bonheur de partager tout cela avec Junior le Magnifique, bien évidemment.

C'est demain matin de bonne heure. Avec 5° de température extérieure et une eau de mer à 13°. Un brouillard dense à la première heure comme ce matin. Mais du soleil ensuite. Généreuse et exigeante Nature.

Je vous quitte mes amis afin de reconstituer et stocker l'énergie nécessaire à ce qui est à chaque fois une petite aventure merveilleuse. 
Je vous enverrai, c'est promis, une grande brassée d'air marin et contemplerai avec votre oeil les subtils repères de ces filles et fils de l'océan. Flottant dans un univers entre ciel et mer. Ni tout à fait ici, ni tout à fait ailleurs. 

Ainsi ne serez-vous pas surpris de sentir ce parfum d'iode quand il emplira votre maison au détour d'une heure matinale.





Remerciements blog "Dinard... ce je ne sais quoi qui nous charme" pour la photo

vendredi 25 novembre 2011

Avec Dorothee Mields dans la Cantate BWV 84 de Bach


Instant musical

Avec la Cantate BWV 84 "Ich bin vergnügt mit meinem Glücke" de Bach

"Ce bonheur me comble" (traduction libre) pour une cantate qui exprime la plénitude d'être.


 

Herreweghe, magistral comme à l'accoutumée qui sait donner un souffle incroyable;

Le Collegium Vocale de Gand d'une précision absolue, dans un baroque non démonstratif, qui affirme dès les premières notes et tout au long de l'opus une expressivité et une intensité exceptionnelles (le dialogue hautbois-violons/violoncelles est magnifique);

Et Dorothee Mields que je découvre ici, remarquable: des aigus pleins absolument splendides avec des notes extrêmes habitées; des tenus impressionnants dans les graves; un vibrato naturel jamais surexploité qui rend palpable l'émotion extrême, une jubilation empreinte de gravité, l'exultation; une maturité particulière; une très belle couleur sonore sur les ornementations enveloppées dans des variations d'intensité très abouties et belles; des récitatifs parfaits dans la diction et l'intensité. Une soprano extrêmement talentueuse.

Un grand bonheur musical qui nous comble.








Plantu et les sondeurs



Plantu ce matin sur France-Info, après avoir été interviewé sur la façon qu'il a de croquer François Bayrou qui vient d'annoncer sa candidature à l'Election présidentielle de 2012:
"Les sondeur, je ne les aime pas, ce sont tous des escrocs"

Formule que l'on prendra au sens figuré (1995 par exemple et la victoire de Balladur annoncée comme inévitable; ou le 21 Avril 2002 avec la présence surprise de Jean-Marie Le Pen au second tour);

Mais aussi au sens propre. (Pour les détails, c'est par ici, sur le site du Monde). Mais c'est avec l'accord express et la bénédiction de l'Elysée, alors...


Capture d'écran du site lemonde.fr


Éloge de la créativité et du temps

Chose vue

Cette vidéo consacrée à la richesse de la créativité pour peu qu'on lui en laisse le temps. Double éloge adressé à l'une et à l'autre. Créée par une agence de communication à l'usage de ses clients.

Et cette citation de Paul Morand qui me revient à l'esprit:

"Le temps ne respecte pas ce que l'on fait sans lui"







Du stock au flux



Je lisais ce matin un excellent papier publié sur le site du Monde dans lequel deux spécialistes de l'énergie débattent de la question de la sortie du nucléaire, lorsque je suis tombé sur cette phrase:

"(...) Le troisième étage est celui des énergies renouvelables, qui sont des énergies de flux par opposition aux énergies de stock (...)".

Sortons de la seule problématique de l'article pour voir ceci:

En réalité le flux est sans doute l'une des catégories les plus pertinentes pour penser et comprendre bon nombre de basculements de notre monde.

D'un point de vue économique, la production est en effet passée d'une logique de stock à une logique de flux, le temps réel devenant le nouveau paradigme, pour opérer l'ajustement de l'offre et de la demande à travers le flux tendu sans préjudice financier du à l'immobilisation et à la dépréciation du stock. Et ce changement de paradigme de la production a permis d'introduire une flexibilité vectrice de richesse. Mais tout en a été changé: la production, la distribution, la consommation, l'emploi.

L'épargne, dont la question n'est toujours pas tranchée (mais la chose est presque impossible) du point de vue de la théorie pour savoir si elle constitue un frein ou un moteur à l'activité économique, qui s'inscrit dans une logique financière de stock (car il faut bien la constituer par accumulation avant de lui faire financer l'économie outre le revenu qu'on peut en attendre) a vu sa place réduite au profit du crédit qui est purement de flux, avec les déséquilibres que l'on voit s'agissant des dettes. 

On peut s'en inquiéter. On peut aussi y voir l'un des symptômes d'une mutation profonde du rapport entre économie et finance, aujourd'hui faussé, mais de nouvelles perspectives s'étant ouvertes avec une finance désormais dématérialisée qui ne fonctionne plus qu'en flux. 
La question se posant à la fois de savoir comment éviter le risque du déploiement artificiel de ce flux (la finance qui s'auto-alimente, la dangereuse mécanique de "titrisation" se déployant alors sans limites), et comment le réintroduire dans l'économie "réelle", par réappropriation de la richesse générée à l'intérieur de l'activité économique générale non spéculative, la question de la distribution étant essentielle. 

L'énergie, sans doute devenue le sujet central sous la forme de toutes les questions relatives au développement durable, pour cette raison simple qu'elle constitue le moteur de toute activité économique et sans doute humaine (car que fait-on sans énergie?), est en effet en train de basculer, même si c'est trop doucement, d'une organisation centrée sur des sources d'énergie "en stock" vers des sources d'énergie en flux: les énergies renouvelables. Il ne s'agit pas seulement de "sources" physiques, mais de modèles de production, de consommation, de distribution. 

Le Web, hier conçu comme un immense réservoir d'informations et de données stockées, même mises en réseau, a maintenant largement consommé sa métamorphose. 
L'essence du web n'est plus en effet dans la conservation de données statiques fussent-elles virtuellement partagées, mais se trouve désormais dans l'interaction universelle virtuelle génératrice de données (les data, méta data, big data) qui constituent en elles-mêmes un richesse inépuisable (comme les énergies "renouvelables", et l'on voit bien la fécondité du parallèle). 
Cette interaction, dont la socialisation est la dimension maîtresse (d'où l'importance cruciale du web social) donne précisément naissance à un flux différencié qui se déploie à l'infini, s'enrichissant en permanence et de façon exponentielle. 

L'information qui était hier stockée dans des espaces de référence, du livre au journal, de la bibliothèque à la base de donnée, est à présent générée en flux et interagie comme telle dans des espaces virtuels et socialisés. Voudrait-on figer l'information qu'on perdrait instantanément ce qu'elle a d'essentiel. Ce qui ouvre des perspectives en termes de diversité et de richesse, et impose dans le même temps de nouveaux défis s'agissant par exemple de la pertinence, de la hiérarchisation, de la validation, de l'usage, de la destination.

Economie, Finance, Energie, Web, Information, aucun de ces piliers de l'activité humaine en pleine transformation n'échappe semble-t-il au passage de la logique de stock à celle de flux.

Certes, le processus s'accompagne de destructions. A la fois celle de ce qui hier constituait la matière du stock (les énergies fossiles; l'épargne) et celle des schémas et organisation de l'activité, quel qu'en soit le domaine, qui étaient assis sur ces "stocks" (le web devenu social et de data; la bourse qui n'est plus le lieu du financement via l'épargne de l'activité des entreprises mais celui d'une finance devenue à elle-même sa propre fin; l'information qui ne se trouve plus dans un rapport vertical mais horizontal avec les personnes s'informant, qui produisent elles-mêmes une partie de l'information; le travail qui est devenu flexible à l'extrême en raison même de la logique de flux s'imposant aux rapports économiques).

Ces destructions sont dans m'immédiat et pour quasiment tous les domaines cités extrêmement délicates et douloureuses. Car le passage de la logique de stock à la logique de flux s'accompagne d'ajustement structurels majeurs. Que personne n'a pris le temps de penser en profondeur.

Mais il faut savoir reconnaître cette évidence qui veut que c'est désormais le flux qui crée la richesse, quel que soit le domaine. Pas le stock qui signifie dépérissement, perte, limite, épuisement.

Au fond, la crise de croissance que nous connaissons aujourd'hui est une crise de la rareté du stock par épuisement de ce dernier avant exploitation raisonnée et universelle de la richesse de la logique de flux.

Où l'on repense à Bergson et à l'évolution créatrice, s'agissant de comprendre que toute l'activité humaine se tient dans son mouvement qui seul, en dernière analyse, crée non pas seulement du nouveau, mais plus de réalité.

Paradoxe qui veut que cette logique de flux, essence même de la notion de progrès, impose également la dématérialisation comme un nouveau paradigme associé. 
Ce qui compte désormais le plus est aussi ce qui nous échappe le plus: le mouvement du flux et la réalité dématérialisée.

Voilà sans doute pourquoi politiques, économistes, intellectuels sont aussi déroutés par ce nouvel ordre du monde qui a renversé la sécurisante pensée du stock, pour lui substituer celle de la richesse qui se crée dans son mouvement même. 

Reste à présent à tenter, pour notre bien collectif et la qualité de notre vivre en commun, d'apprivoiser, car la dompter est par définition impossible, cette nouvelle ère du flux.



En bouffant avec Rossini


Instant musical


L'air de rien, mine de tout,
Rossini Elisabeth et Victoria s'amusent comme des fous.
Et nous!


PS: Il s'agit quand même de l'une des plus belles versions. Encore faut-il savoir ne pas bouffer avec n'importe qui.




De la gratuité, et de la valeur du travail humain


Nous voyons que, tout comme nos amis Anglais, la France fait désormais travailler gratuitement les allocataires du RSA au motif que cela contribuerait à leur employabilité et constituerait la marque d'une reconnaissance envers la société qui les assiste (oubliant ainsi qu'il s'agit d'une allocation différentielle, mais nous ne sommes plus à cela près), le tout étant présenté avec un cynisme absolu comme une avancée sociale;


Nous voyons des salariés contraints de travailler gratuitement au-delà de la durée prévue à leur contrat, sans rémunération donc et sans compensation non plus, ni le droit, ni les conventions collectives n'étant respectés s'agissant des heures supplémentaires, au motif que sinon, leur emploi serait (sera) menacé (selon des formes plus ou moins directes et brutales, allant du chantage à l'emploi pur et simple à l'exploitation méthodique du statut des cadres supérieurs par exemple);

Nous voyons des chefs d'entreprise, au sein des PME et parmi les artisans et commerçants, sous la pression concurrentielle ou en vertu d'un déséquilibre de l'offre et de la demande, se priver de leur rémunération pour préserver leur outil de travail,  les emplois, leur capital, et peut-être, leur avenir;


Nous voyons des chômeurs à la fois motivés et/ou désespérés se jeter dans l'auto-entreprise qui ne se rémunèrent pas durant des mois voire des années, espérant tenir suffisamment longtemps pour un jour peut-être mais rien n'est moins sûr, vivre véritablement de l'emploi qu'ils ont créé, la dite entreprise leur offrant tous les inconvénients et aucun des avantages d'une véritable société y compris et surtout sous le rapport de leur protection;


Nous voyons des entreprises avides, cyniques et/ou financièrement étranglées externaliser par exemple leur fonction commerciale et faire supporter à ceux qui sont en réalité très souvent des collaborateurs (parce qu'il y a bien lien de subordination), mais sans facturation possible et sans contrepartie immédiate, le poids de la prospection par exemple, et donc la charge de l'investissement, sans pourtant qu'il y ait le moindre lien de partenariat ni a fortiori capitalistique, et pour cause; 



Nous voyons des journalistes blogueurs invités par des pure players à commenter gratuitement des évènements nationaux, au motif que cela ajouterait à leur notoriété, exercer le métier d'écrire constituant alors un honneur semblant se suffire à lui-même; ou les mêmes se voir proposer de rédiger un billet web pour... 5€ ou subir un "prix de marché" qui met le feuillet à tout juste 10€;


Nous voyons des jeunes diplômés travailler gratuitement ou presque en stage afin, leur dit-on, d'acquérir la précieuse expérience qu'ils n'ont pas et dont ils ont besoin pour optimiser leur employabilité. Et s'épuiser ainsi de stage en stage;


Nous voyons des Freelance de tous horizons en nombre conséquent accepter de travailler pour rien au motif qu'il faut bien constituer sa clientèle ou, pour les mieux assis, qu'il faut garder son client qui en a demandé davantage et qui met dans la balance sa défection possible s'il n'était pas donné une suite favorable à ses désirs;


Nous voyons des citoyens qui investissent gratuitement et massivement leur temps (mais pas seulement)  afin de créer une activité qui leur permettra, espèrent-ils, d'accroître leur pouvoir d'achat, insuffisant, et de trouver une source de valorisation, de plus en plus rare, ailleurs que dans leurs fonctions habituelles;


Nous voyons des bénévoles, en nombre croissant, par cohortes entières désormais, qui s'activent au chevet comme au service des plus démunis, quel que soit le domaine;


Nous voyons les plus démunis contraints, faute d'une couverture sociale digne de ce nom, bénéficier d'une nécessaire gratuité pour survivre. Là  ou les minima sociaux ne permettant qu'une approximative survie impliquent des choix là où nul ne devrait avoir à choisir. 


Nous voyons des parents soutenir économiquement leurs enfants parfois grands, en vertu de la solidarité familiale et pour les protéger d'un monde qui ne leur laisse pas de place digne quand bien même ils travaillent, soutien total et sans contrepartie;


Nous voyons... 


... que le problème n'est pas tant que la société ou le monde aient "perdu le sens des valeurs", la question étant alors presque superficielle, que celui qui fait qu'un certain type de développement économique a pour conséquence la perte complète de perception, de compréhension, et de respect avec toutes conséquences y afférentes de ce qu'est "la" valeur. 


Car plus rien n'a de valeur au fond, puisque tout est gratuit à présent s'agissant des formes et expressions du travail humain.


Cette ère apocalyptique du "tout gratuit" est l'expression radicale d'une négation de la valeur intrinsèque de toute chose: du travail, du temps, des compétences, des personnes, de la dignité humaine, de l'origine et de la source de la valeur ajoutée, de la valeur future elle-même. Mais c'est une ère qui se condamne à mort, tant symboliquement qu'effectivement, que l'on se place sur le plan philosophique, économique ou politique.


Tout sujet possède une valeur intrinsèque qui fait de lui une promesse de valeur. Et tout bien ou service produit puis échangé est la concrétisation de cette capacité du sujet a générer de la valeur. C'est donc dans le sujet conçu comme origine de toute valeur que s'enracine la possibilité même de construire un ordre économique dans lequel des valeurs s'apprécient, s'échangent, se cèdent, s'utilisent, se transfèrent, se compensent, s'augmentent ou se diminuent. 


La valeur constitue la pierre angulaire de l'économie. Mais qui doit être prise dans ce qu'elle a d'essentiel.


Hors la reconnaissance  a priori de la valeur intrinsèque du sujet dont l'appréciation marchande de la valeur n'est que la transposition, tout l'édifice économico-politique s'effondre, puisque le commerce des valeurs dérive de ce sujet là. Et cette reconnaissance doit être à la fois symbolique et effective. 


Symbolique car dès que l'on commence à ne plus reconnaître a priori le sujet dans la valeur qui est la sienne en admettant que ce qu'il est ou fait peut être gratuit, on le place malgré lui en situation de perdre la conscience qu'il a de sa valeur, la confiance qu'il peut avoir en cela, et donc la capacité qui devrait être la sienne à créer de la valeur. 


Les personnes en situation précaire qu'on fait travailler pour rien alors qu'on leur doit une protection qui est précisément l'expression de la reconnaissance inconditionnelle de leur valeur inaliénable et inaltérable, et une juste rétribution de la valeur qu'ils créent;
les jeunes ballottés de stage en stage pour rien ou presque:
les salariés travaillant sans contrepartie-  sont tous sans exception confrontés à un inévitable processus de destruction originelle de la source de la valeur. 


Et de ne valoir rien sur le marché, ils finissent pas ne plus avoir envie de créer quelque valeur que ce soit. 
Voilà pour le symbolique dont on voit à quel point il est réel.


Quant à la reconnaissance effective de la valeur, elle se justifie de façon évidente. Posons-nous la question de philosophie économique suivante: un quelconque système économique peut-il perdurer si on ne valorise pas matériellement l'action de transformation et de production (quelle qu'en soit la forme et le degré) de chacun des acteurs, pour permettre la consommation de valeur?
La réponse est négative. En vertu même d'une logique générale et macro-économique des échanges qui fait que si dans l'un de ses derniers, puis dans une masse plus importante d'échanges, la transformation génératrice de valeur n'a pas de contrepartie économique, un déséquilibre général se crée la consommation de valeur devenant impossible, ceux là même qui détiennent majoritairement le produit de la valeur ne trouvant plus pour ce dernier les débouchés suffisants dans les échanges. 


Un exclu, un salarié en situation précaire, un étudiant, un auto-entrepreneur, un chef d'entreprise, un salarié qui travaillent  "pour rien", gratuitement, tout ou partie de leur temps, créent, dès lors qu'ils se comptent par millions, dizaines de millions, centaines de millions, un déséquilibre macro-économique structurel la production de valeur ne pouvant plus être absorbée par et dans les échanges. 
Voilà notamment pourquoi la consommation s'effondre dans la zone euro ou aux Etats-Unis, le sujet dépassant largement le comportement des ménages en matière d'épargne, les fluctuations de pouvoir d'achat, qui vient s'ajouter à la problématique de ceux qui ne produisent durablement ou transitoirement plus de valeur, les chômeurs.


L'économie a besoin que le travail, toutes les formes de travail sans exception aucune, soient rémunérés, quelle que soit la forme, qui plus est à un juste prix afin que la consommation de valeur vienne équilibrer, justifier, soutenir et relancer la production de valeur. Sous peine que la valeur produite se déprécie. Et que le système s'effondre.


Ainsi, à rémunérer de moins en moins le travail dans les pays industrialisés, jusqu'à le considérer comme un acte de transformation gratuit et non valorisé, on s'expose à ce que de moins en moins d'acteurs produisent de la valeur parce que de moins en moins en consomment, avec l'effet induit sur ceux qui en produisent, dans un cercle infernal qui n'est rien d'autre que la mort de la croissance et l'entrée en récession. Où nous sommes.


Aussi et pour reprendre nos portraits d'ouverture, ceux qui aujourd'hui se réjouissent de ne pas payer pour leurs tâches effectives et directement productives, un étudiant , un allocataire du RSA , un rédacteur, un auto-entrepreneur; ceux qui se réjouissent d'avoir "écrasé" un prestataire ou un fournisseur dans une négociation, imposant à ce dernier un taux de marge hypothéquant la valeur ajoutée et ne permettant pas au chef d'entreprise de se rémunérer-  devraient-ils y réfléchir à deux fois, s'agissant de rien moins que de contribuer à la viabilité du fonctionnement général du système économique.  
A imposer de travailler de façon gratuite aujourd'hui, on risque fort de ne plus exister demain.


Nous sommes en cela à la croisée des chemins. Car jamais la tension n'a été aussi forte à la fois entre la valeur du sujet et la reconnaissance symbolique de sa valeur; entre la production de valeur par le sujet et la consommation de valeur, le problème étant amplifié sur le plan économique par la concurrence dans une économie mondiale ouverte qui fait coexister des entités hétérogènes quant au coût de la création de valeur. Ce qui n'est rien d'autre que la question de la compétitivité dans une économie mondialisée dont on voit bien au demeurant qu'elle se résout à ceci: peut-on durablement aligner les conditions de création de valeur sur celles qui sont à la fois les plus profitables et les moins onéreuses? La réponse tenant dans ce qui précède, qui est négative. 


Mais alors? 
Alors on n'écrit pas un traité d'économie politique quand on décide de signer avec un étudiant une convention de stage plutôt qu'un CDD, voire même un CDI; quand on décide, pour des raisons électoralistes de faire travailler gracieusement des allocataires du RSA durant 7 heures par semaine; quand on fait créer un logo d'entreprise pour 30€ par un auto-entrepreneur; quand on fait prospecter un secteur entier couvrant un département par un même auto-entrepreneur prestataire sans le défrayer ni accepter une facturation de sa part hors contrat signé; quand on demande à un Freelance 20% ou 30% de prestation en plus, pour rien; quand on fait rédiger par un journaliste et contre 10€ un article pour le web, etc.


A ceci près que l'on peut sans hypothéquer la viabilité économique d'une activité, valoriser justement, même dans un contexte de marché, une prestation de travail ou de service, ou une production de bien. Car entre "rien", le règne de la gratuité décrite, et "hors de prix", celui d'une naïveté problématique au regard de l'économie de marché, il y a la différence entre le cynisme économique et une vision raisonnée de l'économie. Vision qui pousse ici à rémunérer, qui plus est normalement ceux qui sont en dernière instance les consommateurs de valeur. 


Si on ne le peut pas du moins durablement, c'est que l'activité initiale est intrinsèquement déficitaire. Auquel cas, du point de vue économique, une telle activité n'a pas lieu d'être qui détruit plus de richesse qu'elle n'en crée. Le droit positif sanctionne ce déséquilibre à peu près partout dans le monde. Les gestionnaires sont souvent beaucoup moins rigoureux qui estiment pouvoir durablement faire l'impasse sur cette analyse de l'équilibre des rapports économiques qui trouve son origine et sa justification dans la compréhension de ce qu'est la valeur. 
Le réel se vengeant néanmoins souvent puisque ceux qui persistent à ne pas le voir sont souvent exposés à ne pas perdurer: à ne pas rémunérer du tout, et a fortiori de façon juste, ses salariés, ses prestataires ou fournisseurs, on fragilise inévitablement son activité, de multiples façons.


Mais il est vrai que l'on peut aussi perdurer et même prospérer sur un plan micro-économique, en ne rémunérant pas ce qui doit l'être. La question se posant alors en termes "d'éthique économique", dont "l'entreprise citoyenne" par exemple constitue l'une des figures en devenir. Cette approche récente et controversée de l'économie étant sans doute appelée à plus d'audience en raison même des impasses dans lesquelles l'économisme pur et dur nous a placé, dont la présente exploration est le témoin.


Les Etats jouent un rôle majeur dans la nécessaire lucidité à l'égard de cette question centrale de la valeur en relation avec l'homme au travail. Car des signaux qu'ils émettent sur le plan politique, dépend aussi une partie de la justesse de l'analyse et des comportements des différents acteurs (employeurs, entreprises, administrations, producteurs donc. Mais aussi consommateurs et clients). 


Ainsi par exemple le message implicite véhiculé par l'Etat français arrêtant au mois de Novembre 2011 l'obligation pour les allocataires du RSA de travailler sans aucune contrepartie 7 heures par semaine constitue-t-il un cautionnement indirect du "laisser-faire" économique poussant tous ceux qui ont besoin des acteurs qui produisent la valeur à ne pas rémunérer du tout, ou le moins possible, ceux qu'ils emploient ou auxquels ils font appel.


On aura beau jeu ensuite de s'insurger, par exemple, sur les pratiques en matière de travail dissimulé, dans un élan d'hypocrisie ou d'inconscience saisissant. Qui ne trompent que ceux qui raisonnent à courte vue.


Cette spirale descendante du tout gratuit dont le vrai visage est la triple négation de la valeur intrinsèque du sujet, s'agissant à la fois de sa dignité et de sa dimension de source originelle et ontologique de toute valeur, mais aussi de la valeur symbolique et de la valeur économique du sujet, signifie rien moins potentiellement que la mort de l'économie libérale. 


Voilà pourquoi, sur le fond, les économies qui semblent aujourd'hui faire l'apologie de la gratuité et du "pas cher" appliqué au travail humain sont à présent à l'agonie qui ont nié l'homme comme sujet de l'économie. Car d'oublier l'origine et la portée véritables des échanges qu'étudie l'économie et leur ancrage ultime, on finit par laisser cette dernière dénaturer les échanges eux-mêmes jusqu'à la destruction du sujet et de l'ensemble de l'édifice.


Il n'est pas sûr, mais alors pas sûr du tout que la gratuité ainsi promue et cyniquement exploitée soit une bonne chose pour tous. Les Etats feraient bien d'y réfléchir sous peine de perdre à la fois toute crédibilité, mais la chose semble faite, et toute légitimité, mais voilà qui est en cours par une soumission servile et non raisonnée à une certaine vision marchande à court-terme, pour n'avoir pas su se souvenir que l'économie est une production de l'homme qui se trouve à son service, et non l'inverse. 


Les approximations de Nicolas Sarkozy sur les 35 heures

Chose lue

A propos d'un article publié sur le site du Monde sous le titre "Temps de travail : la comparaison trompeuse avec le modèle allemand".

Où il s'agit d'être précis sur la durée comparée du temps de travail en France en Allemagne. 

Et de rompre d'avec les antiennes électoralistes du Président Sarkozy qui invoque les 35 heures comme source de tous les maux et de la crise au lendemain du Sommet européen des 26 et 27 Octobre, pour ensuite refuser de les remettre en cause en tant que candidat le 22 Novembre lors d'un petit déjeuner de la majorité au motif que le coût serait élevé et que le chômage exploserait. Laissant le soin à l'UMP et à JF Copé de porter la charge non pas tant pour parvenir à la suppression des 35 heures que pour que pour poursuivre le travail de "détricotage" du droit social puisqu'il s'agirait de procéder à des négociations par branches sur la durée du travail. Autre façon de contourner la durée légale. Sans toucher à la règle 35 heures.


"L'Allemagne a plus recours au temps partiel que la France :  21,7 % de sa population active y sont employés à temps partiel en 2010, contre 13,6 % en France, selon l'OCDE. Si on intègre le temps partiel dans le calcul du temps de travail, la durée annuelle moyenne s'élève pour la France à 1 559 heures, contre 1 432 pour l'Allemagne, selon l'Insee."



Capture d'écran du site lemonde.fr




jeudi 24 novembre 2011

Les Arts Florissants et la Grande Messe de Mozart

Instant musical




Mozart dans une oeuvre grandiose et intime à la fois:

Sir William Christie à fleur de peau dans une direction d'orchestre d'une grande subtilité qui cherche, et atteint, l'émotion vraie;

Patricia Petibon, juste, riche, merveilleusement expressive. Avec, notamment, un dessin du motif parfait et des graves remarquables;

Les Arts Florissants dans une cohésion et une intensité exceptionnelles.

Un joyau.





Agences de notation: pas de pitié pour les faibles!


Chose lue


Où l'on voit, à travers le rejet de la proposition Barnier sur les dites agences, s'agissant de suspendre la notation des Etats se trouvant sous plan d'assistance financière, que nous ne prenons hélas vraiment pas le chemin d'une gouvernance financière pourtant indispensable et faisant même l'objet d'un relatif mais suffisant consensus politique;

Où le court-termisme suicidaire des marchés est réaffirmé avec arrogance;

Où l'on comprend pourquoi tant que les dettes des Etats européens ne seront pas mutualisées, les agences ne feront qu'aggraver le situation économique ds Etats, quelle que soit l'étendue de leurs efforts, de la rigueur donc, en matière budgétaire. 

D'où la nécessité absolue, entre autre, des euro-bonds et la redéfinition des attributions de la BCE s'agissant de la question du prêteur de dernier ressort.




(Pour lire l'article sur Slate, cliquer sur l'image)

Un incroyable ballet d'oiseaux

Chose vue

A propos d'un ballet d'oiseaux d'une beauté inouïe. filmé par deux jeunes femmes lors d'une promenade en canoë.


Rarissime et magnifique.
Poétique et bouleversante illustration de l'intelligence animale et de la puissance de l'instinct.
Et invitation à se pencher plus avant sur la mécanique des fluides!



A la manière de... Baudelaire


A la manière de
(S'agissant d'un intellectuel, par exemple)

Sois sage, ô ma pensée, et fais-toi plus docile,
Tu réclamais le Sens: il s'en vient; le voici:
L'élément du langage, son ouvrier habile,
Vers l'essence des choses guide tes pas, précis.

...






Recueillement

Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici :
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées ;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal CLIX

A la croisée des cultures musicales avec Filomena Moretti

Instant musical


Dans une oeuvre comme un clin d'oeil à cette journée musicale ouverte avec Scarlatti révélé espagnol sous les doigts de Martha "La Lionne" Argerich; poursuivie par le jeu des corrélations musicales avec Isaac Albeniz; et que nous concluerons avec Scarlatti, celui de la sonate en La Majeur. Italien et espagnol, délicatement servi par la guitare de Filomena Moretti, s'agissant d'une oeuvre gracieuse à la croisée des deux cultures méditerranéennes.