samedi 31 décembre 2011

De ce qu'il nous est permis d'espérer et de la fraternité, un soir de 31 Décembre

La vie comme elle va. Un soir de 31 Décembre

(Le 31/12/2011, à la lecture de mon flux Facebook, alors que chacun s'apprête à passer un moment joyeux)

Lit plein de choses ici, en un jour comme les autres, à tout prendre. Et pourtant. 
Des choses contradictoires, c'est inévitable. Paradoxales, parfois. Qui interpellent, quasiment toujours.

Ne peut s'empêcher de voir dans le flux qui court inexorablement sur cette page, à quel point la peur de l'abîme est proche de l'espérance de la Lumière. L'angoisse existentielle voisine du désir de s'abandonner de façon confiante. La tentation égoïste voisine de la générosité et de l'altruisme les plus palpables. 
Et peu importe les âges, sexes, les cultures, les religions. Les différences, car l'homme est un.

Repense, on voit bien pourquoi, à ce SDF, Vicky, puissant et douloureux symbole dont la presse s'est fait l'écho cette semaine, mort seul pendant qu'ailleurs la joie irradiait. 

Ceci coexistant avec cela. A chaque fois. Inexorablement.

Et songe tout à coup à ce qui suit. Qui dit si bien ce qu'il est vraiment permis à l'homme d'espérer de façon raisonnable, sans naïveté aucune. Au-delà de l'optimisme béat comme du scepticisme stérile, les renvoyant dos à dos. 

Songe que tout ceci ne dépend ni d'un hypothétique destin, ni de Chronos qui ne sera jamais autre que la bête avide dévorant ses enfants qu'il est. 
Mais que tout est en le pouvoir de l'homme. Un pouvoir vertigineux.

Le texte de Jammes n'étant pas tant ni d'abord tourné vers une transcendance qui dispensera de se poser les vraies questions, d'effectuer les véritables remises en cause, et d'oeuvrer à vues humaines, tout en étant pétri d'imploration. Mais pointant vers le coeur qui nous fait vibrer à l'unisson de l'univers tout entier.

En un jour où nous parlons et pensons à l'avenir, précisément. 

Que le temps qui vient soit chaque jour un peu plus celui de l'accomplissement de l'humanité véritable de chacun. Et par là même, de notre humanité commune. Mes amis. Mes frères. 


Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s'amusent au parterre;
Et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup s'ensanglante et descend
Par la soif et la faim et le délire ardent:
Je vous salue, Marie.

Par les gosses battus par l'ivrogne qui rentre,
Par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre
Par l'humiliation de l'innocent châtié,
Par la vierge vendue qu'on a déshabillée,
Par le fils dont la mère a été insultée:
Je vous salue, Marie.

Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids,
S'écrie: "Mon Dieu!" Par le malheureux dont les bras
Ne purent s'appuyer sur une amour humaine
Comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène;
Par le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne
Je vous salue, Marie.

Par les quatre horizons qui crucifient le Monde,
Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe,
Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains,
Par le malade que l'on opère et qui geint
Et par le juste mis au rang des assassins:
Je vous salue, Marie.

Par la mère apprenant que son fils est guéri,
Par l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nid,
Par l'herbe qui a soif et recueille l'ondée,
Par le baiser perdu par l'amour redonné,
Et par le mendiant retrouvant sa monnaie:
Je vous salue, Marie.

LA PRIÈRE
Francis Jammes

Que l'on pourra relire en écoutant ceci, par exemple. Par la voix d'un autre poète qui aura lui aussi exploré les mondes, nous guidant en quelque façon.








jeudi 22 décembre 2011

Aria pour un Noël




Et de partout ou presque
De petites étincelles
De bonté, de générosité,
D'humanité

Et de partout ou presque
De petites perles
De tendresse, de douceur,
De bienveillance

L'homme a-t-il donc besoin
A ce point de renaître?

On criera:
"Aux marchands!"
Ricanera:
"Mais quel Dieu?"
Moquera:
"Faisons vite!"
ou bien
"vous y croyez?"
Soupirera:
"A quoi bon?"

Mais qu'importe!

Le regard des enfants
Le rêve encor immaculé
Et les choses parées
De l'habit du désir
Le rouge est sa couleur
La magie son écrin

La lumière en partage
La trêve pour un instant
Fût-ce un instant seulement

La mémoire faite vie
Le monde qu'on veut beau
La main qu'on veut tendue
Le pardon qu'on veut franc

Le temps qu'on veut heureux
La joie qu'on veut diffuse
La paix qu'on veut sincère
L'espoir qu'on veut debout

Toutes choses irréelles
Un quelconque autre jour
Mais que l'on fait ainsi
Parce qu'on l'a voulu
Et c'est bien, et c'est beau,
Même un instant seulement
Et qu'importe demain!


Bien sûr,

La solitude
La souffrance ou la mort
Le froid, la faim peut-être
La bête derrière l'homme
La famille dispersée
Anéantie peut-être
La morsure du manque
La peine qui étreint
L'abus qui détruit tout
Le souvenir cruel
Le mensonge assumé
Et toutes ces laideurs
Qui nous collent à la peau

Ne pas les ignorer
Faire ce que l'on peut
Les soulager peut-être
Les suspendre un instant,
Fût-ce un instant seulement
Avec humanité

Le temps de retrouver
Loin tout au fond de soi,
Ils étaient effacés,
Et si près cependant
Les enfants sont passeurs,
Leur sapin est symbole
Leur crèche aussi peut-être
Ou le clair chandelier,

La confiance en la vie,
Le regard embué,
L'espérance du bien
La grandeur du don
La puissance des liens
Les vertus du sourire
La force de la source
La douceur de l'être
Lorsqu'il est partagé

Le parfum d'innocence
Que la vie nous fait perdre
Mais auquel on tient tant
D'avoir été laissé
Un jour, mais où et quand était-ce?

Et de renaître ainsi,
Fût-ce pour un instant,
Mais un instant fécond
Car c'est bien ce qui compte
A ce qui nous fait homme,
Ce qu'on appelle bien, ou grandeur, ou bonté
Qui n'est que de partage et de vie échangée
Par delà les objets
A l'intime des êtres

Noël nous ramène à cette vérité.


Joyeux Noël à tous et à tous ceux que vous portez en vous et autour de vous, mes amis!




De la peine et de l'amitié à travers les cultures musicales


Instant musical

(Quand la musique et les paroles de l'amitié transcendent et se rejoignent par delà comme à travers les cultures)

*


Non Jeff, t'es pas tout seul
Danse,
(Avec Jacques Brel)

Un p'tit effort 
Danse,
(Avec Edith Piaf)

Voilà c'est ça
Danse, danse,

La lala la lala,
Danse, danse, danse!
(Avec Charles Aznavour)




Clartés

Instant poétique

(Au hasard d'un jour d'Hanoucca, de belles pensées échangées, et de promenade maritime ensoleillée)

*


Un certain jour de Décembre,

De soleil sur la mer,
De soleil de la pensée,
De fête des Lumières

Voir et savoir,

De la nature
Partager la Lumière

De l'humanité
Partager les Lumières

Des religions lorsqu'elles parlent un langage universel
Et véhiculent des symboles,
Partager les Lumières
Encore

Trouver ou retrouver le lien avec les choses et les êtres
Faire de l'avenir une promesse
Repousser ainsi les ténèbres
De l'ignorance
De l'égoïsme
De l'indifférence

Eclairer, manifester, dévoiler,
Réchauffer,
Rassurer

Alors,

Regarder, partager,
Etre heureux, complice,
Apaisé,

Et se taire


capture d'écran du site harrisa .com


mercredi 21 décembre 2011

Reflets

Instant capté - 20/12/2011

(Cliquer sur la photo pour l'agrandir)


® Jean-Bertrand Reys




De l'éducation: à propos du web

La vie comme elle va

A propos du web

Le fils
Bon, alors, on la crée cette chaîne Youtube pour mes vidéos? Et tu me montres pour la capture vidéo? Et pour la diffusion sur les réseaux sociaux?

Le père
Allons-y, puisque je te l'avais promis.

5 heures plus tard, 
Après création et personnalisation de la chaîne Youtube ad hoc (y compris les publications de lancement); création/modification des profils Google+/Facebook et Twitter utiles pour installer une présence sociale, accroître la viralité et étendre la présence web des productions de Junior; installation/configuration de l'application de capture vidéo; transmission des savoir-faire techniques, marketing, et de gestion de soi comme marque ainsi que des communautés web indispensables; réalisation de l'ensemble des tests et simulations; sensibilisation marquée (preuves à l'appui) aux problématiques de confidentialité et de vie privée, etc.

Le père (heureux et impatient de voir les productions ainsi diffusées)
A toi de jouer maintenant.

Le fils (un peu fatigué)
Quel travail! Je n'aurais pas imaginé.

Le père
Que croyais-tu? Que le web était une chose simplement intuitive? C'est comme en tout mon garçon, l'intuition ou la créativité ne servent à rien sans savoir et savoir-faire, sans patience, sans travail. Le web ne fait pas exception qui exige même que tu sois comme un homme-orchestre, t'offrant alors ses incroyables possibilités.

Le fils
C'est génial. J'ai appris plein de trucs en plus de tout ce que je savais sur mes jeux de stratégie.

Le père
Il faut bien qu'il me reste quelques petits "trucs", comme tu dis, à t'apprendre!

Le fils
Vive le web!

Le père (comblé, par devers lui)
Comme j'aurais aimé avoir un tel outil à ma disposition quand j'avais son âge. Ce "truc", comme le dit Junior en parlant du web, a véritablement métamorphosé notre rapport au monde, qui n'est pas simplement un outil mais une dimension à part entière de la transformation du monde par l'homme. 

Nos enfants ont donc un devoir: Chercher à regarder plus loin que nous, tant ils sont forts d'un prolongement de leur être dont la puissance est inégalable.
On voit bien les dangers. Mais on voit aussi le véritable apport du web (et peu importe qu'il soit 1.0, 2.0 ou 3.0) à la poursuite de l'évolution de l'espèce humaine. L'information socialisée est comme le prolongement de l'ADN qui nous caractérise. 

Le fils (interrogatif)
A quoi pense-tu?

Le père
A notre avenir commun Junior. Au fait que l'évolution de l'espèce humaine est une chose vraiment stupéfiante d'intelligence et qui est très loin d'être terminée, ce que me disait naguère l'un de mes très grands professeurs, qui avait raison en cela (et qui était même visionnaire).

Le fils
Et alors, il dit quoi l'avenir?

Le père (songeur)
Ce que vous aurez l'intelligence d'en faire, fils... Car tout est possible. Absolument tout.





De la quasi inutilité actuelle de l'information économique

L'oeil du témoin

(Dans un contexte fait à la fois de succession de mauvaises informations économiques et financières, et de grande pauvreté de la réflexion économique)


(Publié en premier lieu sur Facebook sous la forme d'un "statut", d'où l'ellipse)

(Il)


S'exprime largement et souvent ici et ailleurs sur le sujet économique pour analyser, notamment, les faits et enjeux des soi-disant "avancées" historiques dont les citoyens européens sont gratifiés tous les mois et bientôt chaque quinzaine. Voire tous les jours. Les Ministres aboyeurs présents à l'Assemblée offrant un spectacle pitoyable lorsqu'ils abordent le sujet. Sans parler de leurs gesticulations médiatiques indécentes. Toutes choses qui n'ont désormais qu'un seul but: tenter de justifier leurs reculades effectives au nom de leurs avancées très hypothétiques et quoi qu'il en soit inadaptées tant dans les objectifs que les moyens.

Au vu: 
Des hoquets quotidiens des agences de notation dont le pouvoir de dégrader s'étend sans bornes désormais la faute en revenant non à l'outil mais à la chose mesurée; 

De la confirmation plus même en pointillés d'une dégradation de la note française qu'il avait annoncée de longue date (parce qu'inévitable pour tout observateur avisé), dont la mise sous surveillance négative d'hier par Fitch du FESF donne une éblouissante incarnation; 

De la communication politique sur le sujet qui ne constitue qu'un écran ridicule et désuet qui ne préservera pas des foudres qui sont en train de s'abattre sur l'économie européenne désormais entrée en très grave récession prélude à une hyper-récession devenue inévitable puisqu'on a actionné le volet rigueur sans toucher au levier budget de croissance; 

De l'empilement des mauvais chiffres de tous les indicateurs économiques sans exception qui traduisent le gouffre dans lequel l'économie nationale plonge (trou de 71 milliards d'euros de la balance commerciale; dette augmentée de 500 milliards d'euros en moins de 5 ans; chômage à presque 10%; PIB faisant état d'une croissance nulle au 4ème Trimestre 2011; taux à 10 ans encore bas mais avec un spread avec l'Allemagne qui ne cesse de s'accroître; 3ème plan de rigueur impératif pour atteindre l'objectif de déficit à un peu plus de 5% puis de 4,7% en 2012, etc, etc, etc), confirmant ainsi la réalité de cette hyper-récession;

Du caractère terrifiant et ô combien parlant du soulagement du jour de la zone euro et des banques compte-tenu d'un prêt de la BCE pour 500 milliards d'euros sans lesquels la crise de liquidité était immédiate, mais le problème étant intact puisque la mutualisation des dettes souveraines n'a pas été abordée et que le besoin est de 3000 milliards tout de suite et 10 000 milliards pour couvrir l'ensemble des dettes souveraines des Etats européens;

De l'aveu criant de l'échec du Sommet de Bruxelles qui a conduit, s'agissant de la BCE et du MES à venir, à confirmer un rôle sur la maîtrise de l'inflation, mais aucun sur le financement, puisque au plan structurel, on doit financer le FMI pour qu'il finance... le MES et les Etats. Ce dont on a l'indécence de se féliciter alors que le mécanisme est aberrant qui pointe la faille absolue sur le prêteur de dernier ressort et sur les missions de la BCE et du MES sans doute lui aussi mort-né, lors même que sa dotation de 150 milliards d'euros fait rire (jaune) tous les spécialistes; 

De l'explosion politique de l'Europe de l'après Sommet de Bruxelles du 09/12/2011 quoi qu'en disent les bras communicants des palais présidentiels, avec un Royaume-Uni qui fait désormais cavalier seul et deux cercles budgétaires et monétaires européens qui entérinent une séparation économique encore pire que ne le fut naguère un certain rideau de fer sur le plan géopolitique; 

Et dans l'attente de la seule chose objective qui soit désormais importante à savoir le texte de l'Accord Intergouvernemental faisant office de traité qui régira désormais l'Europe fédérale qui vient d'être constituée sur le plan budgétaire, texte qui ne sera disponible qu'à la fin Janvier 2012.

Pense donc qu'il est urgent de réserver toute analyse sérieuse; est dépité de voir la "soupe" économique servie par la presse spécialisée incapable de prendre le moindre recul face à ce qui se passe, complètement absorbée qu'elle est par les hoquets susmentionnés ou le relais de la communication officielle; pense et voit bien que ses amis (mais pas que) ne sont dupes de rien; et diffère donc sa prise de parole économique et financière jusqu'à ce que l'on ait quelque chose de consistant à considérer, tout le reste n'étant que l'écume des jours de la vie économique de l'interprétation européenne d'un système néo-libéral désormais à l'agonie. Ce qui prélude à des déstabilisations sociales et politiques graves que 2012 viendra hélas confirmer, comme nous aurons l'occasion de le décrypter. 

Attend donc avec gravité et d'un point de vue technique les dites choses sérieuses en matière économique qui n'apparaîtront donc qu'en 2012, tout le reste étant du vent. Y compris la posture d'un certain barreur qui ne barre désormais plus rien du tout, puisque la mèche de safran est cassée, le gouvernail de l'économie nationale française et celui de la zone euro flottant librement dans les eaux économiques qui l'emportent vers la côte déchiquetée d'une crise économique mondiale à côté de laquelle 1929 était presque une partie de plaisir.


Capture d'écran du site fr.reuters.com

lundi 19 décembre 2011

Beethoven, CM Giulini et l'homme face à son destin

Instant musical

(Initialement posté sur Facebook. D'où l'adresse à des amis virtuels)

C'est avec la figure de l'homme qui se relève, fier, dans ce IVème mouvement de la 3ème Symphonie, de pouvoir affronter son destin, d'abord hésitant puis de plus en plus fort, après les ténèbres de la "Marcia Funebra" du 2ème mouvement, que je vous laisse, mes chers amis.

Où Beethoven explore toute les possibilités musicales offertes par un orchestre symphonique pour manifester les hésitations, les incertitudes sondées une à une (comme les thèmes de la 9ème, explorés un à un puis rejetés), puis le chant du coeur qui précède les pas, puis l'allégresse, puis le cri jeté à la face du monde de la part d'un être -l'homme, nous- qui, pour être brisé parfois, fragile et même apeuré souvent, décide de braver le temps, ses craintes, l'énigme que constitue l'avenir pour affirmer son vouloir.

Schopenhauer a écrit "le Monde comme volonté et représentation" en 1819. Beethoven a composé cette 3ème Symphonie entre 1803 et 1804. Ce n'est sans doute pas un hasard.

L'humanité, alors aux prises avec de terribles guerres notamment en Europe et traversée par l'idéal révolutionnaire, semblait pourtant trouver en elle la source et la justification de son propre pouvoir, hors toute transcendance ou incarnation de cette dernière.

En cela, le "héros" beethovenien de cette symphonie "héroïque" est à la fois résolument romantique et moderne dont le vouloir concentre toutes les forces de la vie qu'il ne faut pas aller chercher ailleurs qu'en elle-même.

Voilà peut-être aussi pourquoi un sentiment étrange et indomptable de puissance nous envahit face à cette oeuvre symphonique dans laquelle chaque pupitre porte sa part d'énergie incroyable et de lumineuses étincelles, le tout s'en trouvant investi d'une force que rien ne semble pouvoir domestiquer ni arrêter.

Rien sauf peut-être la baguette du chef qui doit contrôler cette puissance et cette explosion sonore permanente.

Ce que Carlo Maria Giulini exécute ici de façon saisissante à la tête du Philharmonique de Los Angeles.

Une interprétation puissante mais parfaitement maîtrisée, ciselée, nuancée à l'extrême, d'autant de couleurs que Beethoven a pensé de postures de cet "homme debout" face à son destin. Avec, constant, un double souci de l'exaltation de chaque partie et de l'harmonie comme de l'équilibre du tout. Car toutes les forces de cet homme fait musique par la grâce du génie de Beethoven sont tendues vers ce but: la liberté et la vie. Ce dont Giulini réalise une bouleversante incarnation.




Du Journal ou Timeline de Facebook


Chose vue


Timeline

Je me dis que ce qui saute aux yeux dans cette nouvelle configuration du "Journal" ou "Timeline" Facebook, outre son confort d'utilisation, son ergonomie très aboutie (malgré un temps de chargement très légèrement augmenté surtout sur un mobile), sa qualité évidente, l'extension de l''expérience utilisateur qu'elle permet, son esthétique même, c'est qu'elle rend palpables, visibles, et dévoile de façon manifeste la rationalité comme l'organisation des bases de données monstrueuses qui sous-tendent l'architecture de ce réseau social. Et l'intention économique qui porte l'ensemble.

En enrichissant, en globalisant, en épurant et en stylisant son interface (toutes choses dont il y a lieu de se féliciter), le "Journal" traduit l'ambition du projet: tout sur tout et sur tous, avec une rigueur absolue sans que rien n'échappe à cette indexation sociale universelle infinie, source d'une valeur ajoutée économique a priori sans limite aucune. 

Vertigineux.





Couleurs océanes 16 Décembre 2011

Chose vue


Lorsque l'océan réinvente la couleur.

S'agissant d'un matin de Décembre entre fin de la tourmente baptisée Joachim et retour du soleil..


(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)


® Jean-Bertrand Reys

Aux résignés raisonnant à courte vue à propos de la succession de Kim Jong Il


L'Histoire qui s'écrit

(Le jour du décès de Kim Jong Il, dernier dictateur à la tête d'un Etat totalitaire, immédiatement remplacé par son fils, Kim Jong un. D'où un certain commentaire récurrent omniprésent sur le thème "un dictateur chasse l'autre")

Nous sommes un peu lassés de lire une certaine rengaine ce matin, y compris dans les (gros) titres de la presse.

Malgré les apparences (toujours trompeuses), l'Histoire ne se répète pas. Elle bégaie, elle vacille, elle erre, elle se fourvoie, elle se caricature, mais elle est en mouvement et parcourt son chemin qui est orienté, inévitablement en raison même de la nature du temps et de ce qu'est la culture humaine.

Relire d'urgence Claude Levi-Strauss et la distinction entre histoire stationnaire et histoire cumulative à propos de la notion de progrès historique. Sachant que ce qui est un "progrès" pour l'Histoire peut fort bien n'être pas perçu comme tel par les acteurs de cette histoire, qui ne peuvent s'affranchir totalement de la temporalité à laquelle ils appartiennent pas définition.

Il faut faire preuve de discernement et de rigueur, tenant d'un côté les faits et de l'autre les perspectives (sans préjuger de leur orientation) pour qu'apparaissent, parfois de façon très ténue, les évolutions historiques. A l'opposé de l'histoire à la louche qu'un certain journalisme sensationnaliste et en même temps résigné et très conformiste (ce qui n'est pas du tout contradictoire, la preuve) propose, dès lors que l'Histoire s'écrit en temps réel (ce qu'elle ne cesse de faire).

Où l'on voit également que la temporalité de l'historien n'a rien à voir avec celle du journaliste. Où l'on aimerait que les seconds cessent de se prendre pour les premiers, ce qui est impossible par méthode.




A propos des vacances et du temps libre


Réflexion philosophique de circonstance

(Le Lundi de la première semaine des vacances scolaires de Noël 2011


Vacances: moment lors duquel, "d'être sans", on retrouve pleinement la faculté si précieuse "d'être avec" (soi, les siens, le Monde) de façon choisie. 

Voilà pourquoi "être de loisir" est sans doute l'une des choses les plus importantes qui soit, le temps libre méritant d'être recherché et pensé autant sinon plus que le travail lorsque celui-ci est en tout ou partie aliénant, ce qui est hélas si fréquent sinon universel dans une économie productiviste et un espace social structurellement consumériste. 

Un temps libre qui ne saurait se contenter de passe-temps. Car l'art de vivre, qui réclame de prendre son temps, et pour citer un président amis des lettres "de donner du temps au temps", s'accommode mal du fait de perdre son temps. 
Précisément parce que ce temps rendu à lui-même (et voilà pourquoi il est appelé "libre") mérite d'être habité pour faire sens.

Habité de soi, les vacances constituant un continuum spatio-temporel dans lequel on peut "se retrouver" (mais l'on s'était perdu alors?) soi-même; retrouver ceux que l'on apprécie, que l'on aime que l'on cherche à connaître; et même retrouver un monde redevenu espace de découverte, de contemplation, d'expression du corps, ou de culture de soi. Ce qui constitue un immense travail intellectuel, relationnel, intérieur, physique. 

On ne travaille en réalité jamais autant que lorsque les vacances sont "bien remplies", ce qui ne signifie pas quantitativement saturées par des occupations dans lesquelles on ne chercherait encore, consciemment ou non, qu'à éviter le face à face avec soi-même, avec les autres, avec le monde. 

Des vacances réussies sont celles lors desquelles le temps aura cessé d'être la mesure objective du mouvement qui nous asservit dont parlait Aristote, et aura été domestiqué et réapproprié pour re-devenir le paradigme de notre expérience intérieure, même si le temps des vacances est consacré à parcourir tout ou partie de l'espace du Monde. 

Un temps qu'on ne verra pas passer ou qui semblera une éternité (mais pourtant c'est la même quantité) selon que nous l'aurons habité de façon harmonieuse ou pas. Ce que Kant voulait très exactement dire lorsqu'il en fit une forme a priori de la sensibilité, ouvrant la voie à la théorisation de la découverte radicale et existentielle du sujet par soi. 

Les vacances constituent donc, mais c'est pourquoi nous entretenons avec elles une relation si singulière, un moment privilégié de l'une des expériences métaphysiques par excellence: celle du temps comme dimension de soi. Un soi qui n'existe que dans et par la temporalité.

Où l'on comprend que plus l'univers intérieur est riche, plus ce temps des vacances est plein, et moins l'on éprouve le besoin de se "dis-traire" ou de se "di-vertir" - ce qui revient à se fuir sous prétexte d'échapper au quotidien, qu'on repense ici à Pascal par exemple - pour au contraire rechercher des plaisirs authentiques qu'on reconnait à ce qu'ils nous ajoutent quelque chose, jusque sous la forme de la précieuse réminiscence, et qu'ils ne sont pas perdus une fois que le temps des vacances est passé. 

Un temps des vacances qui a ceci de bien particulier que si l'on ne s'y perd pas mais qu'au contraire on s'y retrouve, sa durée étant celle de l'éternité des instants qu'on aura peut-être voulus et rendus magiques par le fait-même. Voilà pourquoi les vacances peuvent être de merveilleux moments.

Où l'on repense par exemple à Bachelard qui manifesta dans L'intuition de l'instant que "Le temps n'a qu'une réalité, celle de l'Instant. Autrement dit, le temps est une réalité resserrée sur l'instant et suspendue entre deux néants". 

Les vacances, instant suspendu privilégié donc parce que l'être a l'occasion d'y réapparaître à lui-même, dans la reconquête du temps intérieur qui dure éternellement parce qu'il est éprouvé à l'état originel comme durée intérieure pure et non plus comme ce temps qui s'écoule plutôt lentement par ailleurs pour la plupart de ceux dont le travail est hélas synonyme d'abandon de soi et de "perte de temps", même si l'on y trouve un "gagne-pain", les mots parlant d'eux-mêmes. 

Il n'y a rien au fond de plus sérieux que les vacances qui sont l'espace-temps de la coïncidence parfaite parce que libre, de soi avec soi, de soi avec autrui, de soi avec le monde. Il importe d'en prendre à temps, avant que le travail signifie la dispersion de soi, voire son anéantissement, symboliques ou réels.

Elle viennent à temps pour ceux qui en prennent peut-être en ce moment; le temps se fait long sans doute pour ceux qui les espèrent et les prendront peut-être dans quelques jours; elles s'imposent tout autant pour ceux qui ne peuvent pas en prendre quelles que soient les raisons, devenant un horizon pourtant nécessaire puisqu'elles riment avec liberté et affirmation de soi.

Quel que soit le cas de figure, actuelles, prochaines, futures ou espérées,

Bonnes vacances et belles journée à tous!




Kim Jong Il et les poubelles de l'Histoire


L'histoire comme elle s'écrit

(Suite à l'annonce du décès du Dictateur coréen Kim Jong Il - Lire ici l'article du Monde "Corée du Nord : les Etats-Unis inquiets, la Chine pour une "transition douce")

Kim Jong Il mort.
Parfait.
Et si on en profitait pour jeter définitivement le Totalitarisme dans les poubelles de L'Histoire?

Très belle journée en réalité.

*

En réponse à un ami s'interrogeant sur la possibilité d'en finir avec le totalitarisme:

Mais faisons un rêve (voilà pour les citoyens); et profitons-en pour exercer une pression diplomatique sans précédent pour la transition (voilà pour la diplomatie américaine, chinoise, japonaise et sud coréenne notamment, qui ont en l'espèce des intérêts communs. Je ne parle pas de la Russie prête a n'importe quoi pourvu que Poutine reste au pouvoir et que l'argent coule a flots noirs; ni de l'Europe qui est mal placée pour s'exprimer en Asie puisqu'elle tend desormais la main comme un mendiant).



Capture d'écran du site lemonde.fr



dimanche 18 décembre 2011

De la mer et des hommes - 18/12/2011


Chose vécue

(A des amis virtuels. Au retour d'une promenade maritime quelque part sur la façade Atlantique, un jour de Décembre d'après tempête Joachim)

De la mer et des hommes (suite sans jamais de fin)

Force 1 à 2 fraîchissant 3?
Mon oeil!
Force 4 à 5 fraîchissant 6, oui, avec des rafales à 55km/h!

A donc été copieusement giflé du haut des falaises sur lesquelles se brisait une houle qui était de moins en moins résiduelle pour devenir en formation et de plus en plus puissante. 

Avec des trains de déferlantes formant des murs d'eau de 2 mètres de haut par moment sur 300 mètres de front accélérant furieusement à mesure que le fond rocheux remontait, et laissant derrière elles d'impressionnantes traînées blanches et bouillonnantes.

Pour tenter de saisir au vol cette furie reconstituant ses forces avec sa petite fenêtre magique, est allé caresser la bête à ras des rochers et des lames qui se brisaient sur les dalles de granit brunes ou roses selon la caresse du soleil, ou les arêtes déchiquetées, dans un merveilleux fracas accompagné de nuées d'écume irisées. 

A exulté d'être ainsi au bout du monde, accompagné de Junior l'Intrépide. Se rappelant que toute vie vient de là et que ceci explique peut-être cela, s'agissant d'une certaine fascination de l'homme pour cet élément matriciel. 

Ne s'est pas fait happer mais a eu chaud malgré la fraîcheur très vivifiante et l'omniprésente claque éolienne. En effet, certaines attaques submersives fulgurantes du monstre peu content d'avoir du se calmer après Joachim, bien décidé qu'il est à rappeler que nous sommes en hiver et que cette saison est la sienne et non la nôtre, l'ont copieusement arrosé, de troublantes et quelques peu effrayantes tentacules liquides elles aussi blanches et redoutables étant même venues tenter de s'enrouler autour de ses jambes pour le punir d'avoir eu l'audace de s'approcher ainsi. 
S'en est tiré en se tirant (vite fait!). Mais sans couper à l'aquatique friction.

A été gratifié d'un coucher de soleil merveilleux, de multiples et longs rais lumineux filtrant entre de singuliers cumulonimbus en formation et venant une fois encore rappeler un certain Crépuscule des Dieux si remarquablement transposé en musique par Wagner, et accessoirement que la tumultueuse séquence météorologique n'est pas du tout terminée. 

Mais le cadeau de cette symphonie lumineuse étant que la Belle Ile était parfaitement visible, tout comme sa petite soeur située dans le Nord Nord Ouest. Le regard se jouant alors des miles nautiques qui embrassait à la fois l'une et l'autre. 

A donc ramené les précieuses images tant désirées, en même temps qu'il a fait provision de sensations hivernales fortes auprès de l'Indomptable, qu'il tente de vous donner ici à percevoir et peut-être éprouver.

Les partagera très vite ici avec vous, sans doute demain. 

Et vous laisse afin de retrouver forme humaine auprès d'un bon feu de cheminée, suite à ce lavage/essorage vigoureux et très légèrement anesthésiant, on le concevra aisément.

Belle soirée et douce nuit à tous mes amis !





® Jean-Bertrand Reys





® Jean-Bertrand Reys




® Jean-Bertrand Reys




Hommage à Vaclav Havel

L'oeil du témoin

Politique et histoire temps réel

(Juste après l'annonce du décès de Vaclav Havel - Lire également l'article du Monde publié sous le tire "Le précieux héritage de Vaclav Havel" )

Vaclav Havel (1936-18/12/2011) ou l'administration de la preuve: 

Qu'on peut être un intellectuel engagé dont les convictions, en toute cohérence, poussent à entrer en politique; 

Qu'on peut demeurer en politique en restant fidèle à ces mêmes convictions, comme à ses valeurs, sans avoir à se renier parce qu'on est un homme intègre et qu'on croit que le service de la Nation a un sens qui l'emporte sur toute considération personnelle;

Qu'on peut opérer et conclure une Révolution, y compris contre l'un des pires fléaux de l'Histoire, sans qu'elle se termine dans un bain de sang ou par la reconduite des mêmes, qu'on nomma fort pertinemment "de velours". Ouvrant ainsi la voie à d'autres conquêtes de souveraineté par la liberté, et inversement;

Que la Culture n'est pas réservée aux salons ou aux amphithéâtres, mais a une légitimité pour ce qui est de jouer les tous premiers rôles dans les démocraties (nous en sommes loin);

Que l'humilité face au pouvoir est la sceau d'une réelle grandeur;

Que la Philosophie Politique n'a pas commencé avec Platon pour se terminer avec lui ou avec Marx dans une impasse, mais que l'action politique et la pensée cohérente et finalisée de l'action politique, peut-être, comme la vie et comme le souligna l'un de ses illustres compatriotes, une "oeuvre" à part entière;

Que l'économie n'a pas le dernier mot en politique, ce qui fait de lui l'un des figures héroïques et un modèle pour une Europe aujourd'hui traumatisée à force d'être conduite par des aveugles incultes seulement obsédés par une notation financière suicidaire;

Vaclav Havel ou l'insoutenable intelligence de "l'être politique" et de "l'être historique".

Un admirateur

Capture d'écran du site des DNA

Comme un hommage du Fado a la Saudade

A l'écoute

(Le lendemain du décès de Cesaria Evora, Diva aux pieds nus, Reine de la saudade à qui nous avons consacré un billet sur ce blog en Novembre dernier sous le titre "En écoutant Besame mucho par Cesaria Evora"

Capture d'écran du site leparisien.fr

*

Pour deux reines qui nous emportent si loin sur les rives de la nostalgie, du bonheur perdu et du désir dans un même geste vaincu et triomphant.

Merci de nous avoir appris ce que désirer veut dire, Mesdames, qui n'a rien de simple et encore moins de béat. Notre temps en a tellement besoin.

Et que les langueurs Atlantiques continuent de vous bercer vous aussi, la-bas sur la crête d'une vague ou sur la barque qui revient au port, votre voix se mêlant sans fin au chant du monde, entre ténèbres et lumière, dans une tristesse superbe qui dit si bien notre humaine condition.

Nous ne vous oublierons pas. Ce serait nous perdre nous-mêmes définitivement dans un passé que tout chez vous nous donne a apprivoiser, y compris lorsqu'il faut conjuguer au futur et que tout y est trouble encore mais que la joie peut habiter.
Il n'en est de plus belle que celle qui fleurit sur la désespérance, comme tout chez vous nous le fait méditer.








Cliquer sur l'image pour Lire l'article "En écoutant Besame mucho" par Cesaria Evora




samedi 17 décembre 2011

Un certain naufrage: tours, détours et alentours

L'oeil du témoin 

(Suite à une visite sur le lieu du naufrage du cargo TK Bremen, lors de la tempête Joachim)

Le géant gisait là. Beauté paradoxale et saisissante. 
Entre beauté et horreur. Ce qui n'est rien d'autre au fond que la définition de la tragédie. Celle-là même qui est survenue dans la nuit du 15 au 16 Décembre.

Nous aimons cet océan là autrement que souillé, c'est évident, mais il y avait aujourd'hui, incontestablement, quelque chose de beau. Même si nous devons par ailleurs réfléchir à la liberté de l'armateur et du capitaine pour ce qui est de prendre de telles initiatives dans un tel contexte (la sortie de Lorient pour se mettre à l'abri à Groix en pleine tempête pour d'obscures raisons dont le prêt à appareiller n'est sans doute pas la seule). Etant rappelé que nul n'est à l'abri d'une fortune de mer. Précisément.


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® Jean-Bertrand Reys




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Matin d'avant Noël avec l'Ave Verum Corpus K 618 de Mozart

Instant musical



Tout l'art de Mozart: une sublime (divine?) simplicité.

Pour un froid Samedi de Décembre d'après tempête.
Alors que les yeux des enfants émerveillés sont tournés vers Noël si proche désormais.

Ou l'on voit, sent, vibre, s'ébranle, pleure peut-être même, entrant dans un tel univers sonore de paix, de douceur et de serenite.
Comme une caresse ou un regard d'une infinie tendresse qui sauverait définitivement de tout ce qui est laid ou mal ou cruel.
Comme une réponse évidente et insondable à toute interrogation.

Où la matière sonore devient elle-même vie.
Où l'on peut s'abandonner, d'être ainsi protégé de tout.

Ici sous la baguette de l'infiniment subtil Riccardo Muti, à la tête du Philharmonique de Berlin avec le Chœur, admirable de cohésion, d'intensité et de finesse, de la Radio Suisse Romande.

Beau, doux et paisible Samedi à vous tous mes amis, et à vous aussi, cher lecteur!





vendredi 16 décembre 2011

De l'épuisement et du panache avec Cyrano de Bergerac

(A des amis virtuels, un soir d'extrême fatigue)

Ex-té-nué!

Aurait tellement de réflexions, d'images à partager avec vous, d'adhésion à manifester à nombre de vos publications, de commentaires à formuler, mais ne le peut plus.

Vous offre cette perle que nous aimons tous, qui parle si joliment le langage du coeur, celui de la noblesse des sentiments, de l'authenticité, et de la véritable grandeur d'âme.

Et tire sa révérence, souhaitant à chacun d'entre vous, mes bien chers amis, une très belle soirée et un bon début de week-end !

(...)

ROXANE, (défaillante)
Cyrano !

[Tous reculent épouvantés.]

CYRANO
Je crois qu'elle regarde...
Qu'elle ose regarder mon nez, cette Camarde !
Il lève son épée.
Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non ! non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile !
Qu'est-ce que c'est que tous ceux-là !- Vous êtes mille ?
Ah ! je vous reconnais, tous mes vieux ennemis !
Le Mensonge ?
[Il frappe de son épée le vide.]
Tiens, tiens ! -Ha ! ha ! les Compromis,
Les Préjugés, les Lâchetés !...
[Il frappe.]
Que je pactise ?
Jamais, jamais ! -Ah ! te voilà, toi, la Sottise !
Je sais bien qu'à la fin vous me mettrez à bas ;
N'importe : je me bats ! je me bats ! je me bats !
[Il fait des moulinets immenses et s'arrête haletant.]
Oui, vous m'arrachez tout, le laurier et la rose !
Arrachez ! Il y a malgré vous quelque chose
Que j'emporte, et ce soir, quand j'entrerai chez Dieu,
Mon salut balaiera largement le seuil bleu,
Quelque chose que sans un pli, sans une tache,
J'emporte malgré vous,
[Il s'élance l'épée haute.]
et c'est...
[L'épée s'échappe de ses mains, il chancelle, tombe dans les bras de Le Bret et de Ragueneau.]

ROXANE, [se penchant sur lui et lui baisant le front]
C'est ?...

CYRANO, [rouvre les yeux, la reconnaît et dit en souriant]
Mon panache.

RIDEAU




Du Président et du Conseil Supérieur de la Magistrature


Droit constitutionnel: L'article 64 de la constitution et les prérogatives du CSM en question



Pour apprécier les enjeux de la condamnation du Président Chirac, et sans que cela épuise le sujet, on se rappellera utilement ceci:

Article 64 de la Constitution du 4 octobre 1958:

« Le Président de la République est garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire.
Il est assisté par le Conseil Supérieur de la Magistrature.
Une loi organique porte statut des magistrats.
Les magistrats du siège sont inamovibles

Aussi, puisque les symboles autant que les attributions constitutionnelles sont déterminants pour la vie de la République et le respect de son esprit, et au vu du constat répété y compris jusqu'à son ultime manifestation en la figure de la condamnation du Président Jacques Chirac après un interminable feuilleton judiciaire de 20 ans ponctué par une révision constitutionnelle de convenance en 2007, ainsi que par une constante soumission quasi servile du Parquet à l'exécutif au mépris de sa fonction envers l'ordre public dès lors que nos souverains démocratiques sont concernés, convient-il sans doute de procéder à une révision constitutionnelle ambitieuse.

On devrait ainsi par priorité refondre le statut du Conseil Supérieur de la Magistrature en changeant de paradigme juridique pour en faire LE garant de l'indépendance judiciaire, alors qu'il ne fait aujourd'hui qu'assister le chef de l'exécutif, avec un rôle consultatif mais pas décisionnel. 

Le Président de la République ne présiderait alors plus le Conseil, et le Garde des Sceaux n'en serait plus le Vice-Président, le pouvoir de nomination des magistrats étant alors dévolu au Conseil lui même, l'article 64 de la constitution s'en trouvant modifié en conséquence.

Comme guide théorique en arrière-plan d'une telle révision constitutionnelle qui s'impose, on pourrait par exemple se rappeler ceci, emprunté à Montesquieu extrait de l'Esprit des lois:

"C'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites. "

&

"Il n'y a point encore de liberté si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance législative et de l'exécutrice"


"(...) du fait de leur statut, les membres du ministère public en France ne remplissent pas l'exigence d'indépendance à l'égard de l'exécutif, qui, selon une jurisprudence constante, compte, au même titre que l'impartialité parmi les garanties inhérentes à la nature autonome des magistrats."

La conclusion sonnant comme une interrogation majeure formulée à l'égard de tout Chef de l'Etat ou prétendant tel:

"(...) (le)déséquilibre du système pénal sape l'état de droit.(...)"

Où l'on voit que le véritable débat dépasse très largement la personnalité d'un ancien Président, et que tant que l'on n'aura pas procédé à la révision de cet article 64 de la Constitution, la République Française ne sera toujours pas une Démocratie adulte et conforme aux principes et valeurs qui la fondent pourtant. Les risques associés étant maintenus.



Siège du Conseil Supérieur de la Magistrature - Paris VII


Impromptu breton post Joachim


Chose vue


Je vous sers un petit noir, comme d'habitude?

C'est très aimable à vous, mais pas ce matin.



Capture d'écran du site francetvinfo



jeudi 15 décembre 2011

Variation littéraire sur la tempête Joachim


Instant littéraire

(A des amis virtuels. La veille d'une tempête annoncée, s'agissant de "Joachim" venu frapper la façade littorale Atlantique dans la nuit du 15 au 16/12/2011)

(Il)

Se dit qu'à 140 km/h, ça ne "décoiffe" plus. Ça "décolle".

Ou encore,comme aurait dit un certain M.A. qu'on reconnaîtra aisément, "(ça) dynamite, (ça) disperse, (ça) ventile"

En conséquence, et pour avoir de solides acquis en matière de navigation à voile, mais aucune compétence particulière en aéronautique, en explosifs, en savoir-faire relevant des CRS, ou en génie civil avec option énergie éolienne, se dit qu'il va très soigneusement fermer ses volets ce soir.

Se dit malgré tout qu'il est très tentant, infiniment tentant même d'aller une fois encore à la rencontre de l'Ogre qui vient de gratifier l'Irlande d'une jolie vague enregistrée à 20,40 mètres le 14/12, battant ainsi un record historique.

Mais se souvient que s'il ne faut pas jouer avec le feu, il est tout aussi peu recommandé de jouer avec l'eau, surtout quand elle a décidé de passer par-dessus la côte.

Entendra donc les pattes de l'Ogre se poser sur le littoral dans la seconde moitié de la nuit, son toit protecteur recevant certainement quelques claques violentes et quelques embruns cinglants, compte-tenu de la distance qui le sépare de ce qui ne sera pas une baie des anges pendant quelques heures, mais un enfer marin.

Partagera avec vous ce fougueux baiser hivernal de la nature, puisque visiblement 47 départements sont touchés par l'alerte. Avec un très joli mouvement OSO - NNE. Il faut savoir être généreux!

Vous souhaite néanmoins et plus sérieusement de ne pas avoir à pâtir de ce qui n'est, après tout, qu'un phénomène de saison.

Et a une pensée respectueuse et profonde pour tous ceux qui sont en mer, pour travailler ou pour protéger ceux qui travaillent.

Vous souhaite enfin à tous une bonne soirée!


(Les photographies ci-dessous ont été réalisées le 16/12/2011 au matin)

® Jean-Betrand Reys  - Cliquer sur l'image pour agrandir

® Jean-Betrand Reys  - Cliquer sur l'image pour agrandir

A propos de l'interprétation de l'Allegretto de la 7ème symphonie de Beethoven par Furtwängler


Furtwängler, l'un des plus grands sinon le plus grand spécialiste des symphonies de Beethoven de tous les temps (ce qui ne sera pas faire offense par exemple à Karajan qui fut l'un de ses disciples spirituels). Aux prises ici avec l'Allegretto de la VIIème du Géant.

Où l'on se concentrera sur le Chef d'Orchestre.

Tout l'art du maître est là: vision globale de l'oeuvre en même temps qu'un sens inouï du détail, manière de faire chanter chaque pupitre de façon magnifiquement claire, maîtrise parfaite de la couleur de chaque instrument qui permet de faire ressortir le motif à partir du travail orchestral sur la couleur et non pas sur l'intensité sonore, tension, densité, lyrisme, maîtrise absolue d'un tempo structuré autour d'infimes variations dans un ensemble d'une rigueur parachevée qui font toute la dynamique de l'interprétation de l'opus, refus du brillant gratuit, et par extension mise en retrait totale de l'orchestre et de son chef au service complet de l'oeuvre.

Furtwängler avait ici sous sa direction certainement l'une des trois plus grandes formations symphoniques au monde d'alors, avec l'Orchestre Philarmonique de Vienne. On comprend aisément que tout contribue à ce que l'interprétation relève du sublime.
Deux illustrations de cela parmi de nombreuses: la grandeur bouleversante de l'exposé du thème par les violons, vertigineux d'intensité, de densité et d'expressivité à 1:00, et la beauté sidérale des pizzicati à partir de 8:43 avec un sommet à 9:00 qui sera tenu jusqu'à la fin.

Tout Furwängler est dans ces quelques notes: créer un volume sonore avant tout chargé de sens et ample (délié) indissociable d'une dimension expressive majeure, en concentrant l'effort sur l'exécution du pincement des cordes qui doit être parfait parce que Beethoven a voulu que l'expressivité vienne de là. Ce qui est en soi contre-nature, puisqu'une corde pincée produit par définition moins de volume sonore qu'une corde frottée. Et pourtant, la perfection de l'unité de l'exécution ainsi que celle de la qualité du geste technique des violonistes exigées par le maître fait merveille: la matière sonore se répand, enveloppant tout l'orchestre et habitant le silence avec intensité.

Résoudre l'équation globale en travaillant de façon parfaite le détail. Tel est le sceau de Furtwängler. Et l'intention beethovenienne ressort pleinement, s'agissant de manifester l'énigme faite de pointillés sonores qui conclut un Allegretto placé sous le signe de l'espoir vaincu, avant le 3ème mouvement qui fera place à l'espoir qui renaît.

Car, il ne faut pas l'oublier, nous sommes dans une symphonie dans laquelle le thème du destin, central dans la symbolique symphonique de Beethoven, est omniprésent. D'où l'importance pour le Chef de traduire avec une grande clarté à la fois la persistance des thèmes récurrents et la spécificité des inflexions de tous ordres. Ce en quoi Furtwängler réussit admirablement.

Un point encore: L'enregistrement est public. Vous y percevrez quelque chose de particulier et d'indéfinissable sans doute (et pas seulement les bruits qu'on oublie vite). La raison en est peut-être que c'est l'un des tous derniers concerts de Furtwängler sinon le dernier. Nous sommes le 30 Août 1954; il décédera le 30 Novembre 1954.

Il est ici au sommet de son art, et pour une symphonie entre crépuscule et lumière; un mouvement entre marche funèbre et espoir; Furtwängler distille quelque chose qui relève de la synthèse accomplie, et du regard apaisé qu'on pose sur le monde quand on sait que tout est écrit désormais.

C'est peu dire que cette interprétation est sublime. Et l'on comprend pourquoi elle est de référence, sinon, répétons-le, "la" référence.




De la Justice, de ce qui est ordinaire et de ce qui est exceptionnel


(Suite à la condamnation du Président Chirac, et aux réactions souvent très viscérales, ainsi qu'au débat induit à propos du statut pénal du Chef de l'Etat avec, en arrière plan, la question de l'égalité des citoyens devant la Justice)

Réflexion sur la Justice

C'est au traitement extraordinaire des affaires qui devraient demeurer ordinaires même lorsqu'elles concernent des personnages exceptionnels; ainsi qu'à la mauvaise administration de la justice ordinaire qui concerne chaque citoyen et qui devrait toujours être un acte d'une exceptionnelle qualité, qu'on mesure la vitalité réelle comme le déclin éventuel de la Justice d'un peuple.

D'où l'importance, dans la nécessaire évolution et réhabilitation de la Justice au sein des grandes démocraties, mais pas qu'elles en réalité, de fournir à la Justice ordinaire les moyens, substantiels, d'être toujours rendue avec excellence et en totale indépendance, sans considération aucune de l'importance socio-politique supposée des justiciables ou des parties en présence. 

On en tirera également les conséquence utiles s'agissant des conditions dans lesquelles on accorde sur le plan constitutionnel et de façon exceptionnelle l'immunité à un homme au motif de la nécessaire permanence ou grandeur de sa fonction. Car pour être investi de la fonction suprême, on n'en demeure pas moins un homme ordinaire.

Les Princes soucieux de n'avoir de destin qu'extraordinaire, même lorsque celui-ci est condamnable et le cas échéant condamné dans ses moyens ou ses finalités, ne prospèrent jamais autant que lorsque les peuples sont concentrés sur l'exceptionnel, sans voir qu'il s'agit d'un écran entre eux et la Justice ordinaire, celle qui pourtant les rend véritablement libres.

Où l'on voit que le cas que l'on fait de l'administration quotidienne de la Justice dans un Etat est sans aucun doute l'étalon le plus rigoureux de la démocratie, puisqu'il porte sur la valeur qui la fonde au second plan après la liberté qui en est le but: l'égalité.





De l'administration équitable de la Justice

Micro-débat

(Le jour de l'annonce de la nouvelle concernant la condamnation du Président Chirac
S'agissant d'une réponse sommaire à un ami virtuel impliqué, mais s'indignant de la réalité d'une Justice à deux vitesses et venant à conclure à l'impossibilité apparente de pouvoir influer sur le cours des choses.)

Je comprends ta position.

De façon (trop) rapide donc, le propos ne constituant ni un exposé de théorie politique, de sociologie politique ou de droit constitutionnel: 

Il convient sans nul doute de:

Ne pas céder au cirque médiatique qui fait beaucoup de bruit pour rien depuis ce matin 

Ne pas céder à la récupération politicienne 

Identifier les vrais problèmes (Indépendance du Parquet; Immunité présidentielle, etc) 

Traiter vraiment ces problèmes de façon responsable, en mettant en oeuvre une révision constitutionnelle ambitieuse et adaptée aux exigences d'une grande démocratie moderne (La révision constitutionnelle de 2007 par exemple, et à l'exact opposé de ce qui devrait être fait, étant de pure convenance personnelle pour le Président Chirac acculé dans l'affaire des emplois fictifs)

Donner des moyens à la Justice car une telle durée de procédure est révélateur d'un système 

Cesser de se focaliser sur la justice extraordinaire pour se concentrer sur la justice ordinaire, celle qui est rendue (plutôt mal dans l'ensemble) tous les jours (Lire sur ce blog le billet "De la Justice, de ce qui est ordinaire et de ce qui est exceptionnel")

Faire barrage par tous moyens à chaque fois que la séparation de pouvoirs est menacée y compris par une mobilisation citoyenne 

Rendre l'accès à la justice beaucoup plus républicain et démocratique (on fait exactement l'inverse, par exemple en pesant à la baisse sur l'aide juridictionnelle

Faire évoluer le droit international qui devra, un jour mais nous ne serons plus là pour le voir, l'emporter sur les législations spécifiques afin que les Princes ne puissent plus passer à travers les mailles du filet, etc etc etc. 

Comme tu le vois, je pense qu'il y a de très nombreux chantiers. Or j'observe qu'à de très rares exceptions, on ne traite, là aussi, rien sur le fond. Comme d'habitude. Voilà pourquoi je comprends aussi que tu puisse être désabusé.







L'Allemagne, l'hyperinflation et les échanges intra-européens


Chose lue

(Suite à la lecture d'un article publié ce jour sur Slate.fr sous le titre "Peur de l'inflation: les Allemands ne sont pas hantés par la République de Weimar")

Dont acte. 

L'hyperinflation ne constituerait pas un spectre pour nos amis allemands.

Ce qui confirme néanmoins le problème majeur que constitue le déséquilibre des balances des échanges intra-européens. Epargne ici constituée avec des exportations massives au sein de la zone; déficit ailleurs en raison des importations symétriques.

On élimine donc un spectre, celui de l'hyperinflation, pour mieux confirmer un désordre structurel. Ce qui est encore moins rassurant en termes de perspectives économiques.


Capture d'écran du site slate.fr