vendredi 23 septembre 2011

J'ai mal à ma République! Réflexions sur la politique d'un point de vue médical




Réflexions politiques



Il y a des jours où, faisant mes revues de presse successives au fur et à mesure que la journée avance, j'ai mal à ma République.

Et bien aujourd'hui, avec cette affaire dite de Karachi (ici pour le résumé; pour le grand faux-pas élyséen; et  encore pour les derniers développements avec l'implication de Brice Hortefeux), j'ai incontestablement très mal à ma République. Il s'agit même d'une crise aiguë. 

Mais le problème est qu'il n'y a ni médecin urgentiste; ni médecin de garde; ni aucun, absolument aucun, praticien compétent et disponible pour prendre en charge cette pathologie là au regard de son extension et de sa gravité. 

La question devient alors: Peut-on vivre durablement avec une telle pathologie? Personnellement je n'y crois pas. Dès lors...

*

Bref état des lieux informel en continuant de filer la métaphore médicale.

Certains diront que l'intervention chirurgicale est programmée pour le mois d'Avril 2012.

L'opération s'impose en effet. Il faut en un premier temps éliminer la tumeur maligne. C'est une évidence. Car à présent, le pronostic vital est engagé. 

Mais hélas, au regard des divers protocoles de soins proposés, force m'est de penser que les récidives vont être multiples. Pas tant sur la question de la moralité de la République (on ne peut pas faire plus nauséeux; plus irrespectueux de la séparation des pouvoirs; plus méprisant des citoyens; etc.) que sur la question des vrais choix de société. En relation directe avec le contexte économique européen et mondial. 

Certes, j'entends ici ou là, parmi ces médecins remplaçants, certaines propositions de traitement (y compris institutionnelles dans et hors la France) adaptées. Mais quelle détermination pour faire face aux pressions économiques et financières européennes et internationales? Quelle aptitude à réhabiliter le politique? Quelle aptitude à redonner sens et réalité aux valeurs fondatrices de la République dans un contexte économique très dégradé? 
Je ne saurais m'en remettre sans réserve à ces nouveaux médecins là. Tout en souhaitant que le changement de personnel médical permette au patient non pas seulement de survivre, mais de retrouver si possible un peu (si ce n'était que cela) de sa santé.


Nombreux seront profondément interpellés par la façon dont les affaires apparaissent. Et constateront le caractère délétère du climat politique.

La défiance des magistrats à l'égard de leur hiérarchie a en effet pris des proportions considérables au fil du temps et des affaires. Et le nombre grossit de ceux qui, lassés des pressions et soucieux de contourner les consignes de leur hiérarchie au nom des valeurs démocratiques auxquelles ils adhèrent (il y en a), font fuiter juste ce qu'il faut d'éléments en direction de la presse, pour que la mécanique de l'information et de la découverte du scandale s'enclenche. C'est dire la gangrène qui touche le pilier de la séparation des pouvoirs. 

Signe des temps encore les nombreux exemples, y compris dans l'actualité la plus récente avec l'abandon des poursuites contre Jacques Chirac dans l'affaire des emplois fictifs, d'une justice de classe qui confirme s'il en était besoin la célèbre sentence de La Fontaine: "Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir".  Et qui jette le discrédit sur l'institution judiciaire.


Mais dans le même temps, on assiste à une "montée" de la conscience citoyenne: ce sont les citoyens qui sont effrayés que l'on touche ainsi au socle républicain, chacun avec et en fonction de sa culture. Le quasi permanent déni de justice renforçant cette conscience. Les peuples (il n'y a pas que la France) semblent donc en cela beaucoup plus responsables que leurs dirigeants et leurs élites, coupés de la réalité. 

Ce sont les médecins eux-mêmes qui ne se lavent pas les mains et véhiculent les maladies nosocomiales dont souffre la République. Le patient, lui, dans un environnement sain, possède des fondamentaux biologiques qui restent le meilleur atout de sa guérison.


Quid de l'émergence d'une nouvelle forme de conscience citoyenne?

Peut-être sommes-nous tous en réalité, sur Facebook, sur Twitter, sur les réseaux sociaux en général et ailleurs sur le Net (sur les blogs par exemple), en train de donner corps à une nouvelle forme de citoyenneté. Ou à tout le moins une nouvelle forme de conscience citoyenne, qui dépassera le stade de l'imprécation ou de la plaisanterie pour tenter de contribuer à l'élaboration de véritables solutions, en reléguant dans l'oubli les docteurs Diafoirus qui ont jusqu'ici largement monopolisé les médias traditionnels. 

2012 sera, en France, la première élection présidentielle à l'ère Facebook. Voilà qui devrait peut être introduire une rupture profonde. L'électeur sera sans doute beaucoup moins sensible à un certain discours formaté écho du prêt à penser électoral qui ne manquera pas de se déverser à jets continus via les grands médias télévisés. Si TF1 avait été un précieux allié pour Nicolas Sarkozy en 2007, le Président sortant aura certainement beaucoup de mal à rééditer son rapt médiatique dans quelques mois.

Ce contexte du déploiement du web 2.0 constitue un aspect central de la nouvelle donne politique. Certes, les réseaux sociaux sont encore pour partie des réceptacles d'impressions, de réactions, de sarcasmes. Toutes réactions éloignées de la participation à un véritable débat politique comme de la structuration d'une conscience politique. Mais ils sont aussi le lieu de l'émergence d'un politique 2.0. (abordé ailleurs sur ce blog. Voir par exemple "Politique 2.0: encore un effort Mesdames et Messieurs les députés!"). 

Ces réseaux ne sont donc pas à maturité, loin s'en faut, mais constituent néanmoins un nouvel espace de réalisation et d'exercice de la citoyenneté. Les politiques devant eux-mêmes comprendre que la démocratie 2.0 (avec sa difficulté conaturelle s'agissant de la tentation de la démocratie d'opinion) se forge et se déploie sur les dits réseaux sociaux. Ils en sont encore très loin (y compris certains médecins remplaçants qui font sur le sujet des déclarations édifiantes). 

Reste que de même qu'Obama par exemple a imposé la culture des réseaux sociaux dans le champ politique, le prochain chef de l'Etat français surgira simultanément d'avec l'ancrage irréversible des réseaux sociaux dans nos pratiques sociétales. Et donc politiques. Ce qui change tout. Terminé la communication verticale diffusée avec un (ex) grand média TV complaisant voire aux ordres (quelles que soient les tentatives, connues ou pas). Le web 2.0 est devenu un élément structurant de la communication et de la pensée citoyenne. Ce qui est inédit. Et certainement prometteur.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous avez la parole!