jeudi 12 janvier 2012

Bref contre-éloge de la vacuité


(Début 2012, après deux semaines civiles seulement, s'agissant des thèmes et projets de réformes, ainsi que les avancées constitutionnelles abordés par le Chef de l'Etat Nicolas Sarkozy en campagne)

Semaine 1 (2012)
Projet de Réforme de la TVA à des fins d'instauration d'une "TVA Sociale"

Taux? Assiette? Rendement? Impact sur la consommation (incluant l'analyse court-terme pour une économie nationale déjà en récession, la notion de "cycle économique" étant déterminante pour la mise en oeuvre d'un tel projet)? Gain global de compétitivité en taux et part du PIB et de la balance? Répartition du bénéfice de l'allègement des charges sociales entre les salariés et les entreprises? Compensation? Intégration à l'ensemble de la fiscalité? Analyse corrélée de la part de la fiscalité indirecte et directe? Mise en perspective avec la fonction redistributive de la fiscalité? Articulation avec l'IRPP ainsi que la CSG et son assiette plus large qui inclut le capital? Intégration à une fiscalité européenne pourtant en cours de déploiement avec les objectifs fédéraux du Sommet de Bruxelles du 09/12? Articulation de cette taxe unilatérale avec les mécanismes de l'OMC? Etc, etc, etc

Analyse reportée après le Sommet Social du 18/01/2012 (a minima).

Un vrai sujet pourtant, s'agissant du financement équilibré de la protection sociale aujourd'hui non assuré, et d'un indispensable rétablissement de la compétitivité de l'économie française.

Semaine 2 (2012)
Projet d'instauration d'une "Taxe sur les transactions financières"

Taux? Assiette? Productivité financière (rendement) avérée (au-delà des élucubrations de la cellule économique élyséenne et des fonctionnaires de Bercy aux ordres)? Rendement si les seules actions servent d'assiette? Impact sur le financement (renchérissement) de la dette souveraine française si le mécanisme concerne aussi les obligations? Impact financier général et consolidé (fuite des capitaux; baisse de l'activité) dans l'hypothèse d'une initiative isolée de la France? Impact politique et diplomatique sur la construction européenne fédérale en cours (Mario Monti l'Eclairé souligne déjà les risques)? Intégration future à la fiscalité européenne en matière de taxation exceptionnelle si l'UE et la zone euro devaient rejoindre l'initiative en un second temps? Intégration de cette taxe au sein des options économiques validées par le G20? Articulation de cette taxe avec les mécanismes de l'OMC? Promotion (pondération) de cette initiative au regard de l'indispensable action requise par ailleurs sur la question du rééquilibrage monétaire global Dollar-Euro-Yuan, aux fins de restauration d'un équilibre mondial de la compétitivité? Etc, etc, etc.

Analyse reportée... Mais quand au fait? 
Ah oui, quand l'Allemagne voudra bien se pencher sur la question (ce qu'elle refuse). 

Un vrai sujet pourtant s'agissant de la gouvernance financière mondiale, du financement mondial de la croissance, de la correction des inégalités induites par une économie devenue largement financière, d'une certaine "moralisation du capitalisme" (ce qui est contradictoire) mise en avant depuis 2008 mais jamais suivie du moindre effet. 

Semaine 1 et 2 (2012)
Un Etat intégré à l'UE et membre de l'OMC peut-il et doit-il venir au secours d'une entreprise privée comme SeaFrance lorsqu'elle est en grande difficulté économique impliquant une menace de destruction d'emplois associée, a fortiori tenant compte d'une période de récession économique et d'hyper-chômage? (Cas d'école)

Sujet ni compris, ni maîtrisé, ni traité, ni résolu par l'exécutif. L'Entreprise a coulé (Liquidation Judiciaire sans reprise ni poursuite d'activité) .

Un vrai sujet pourtant que celui de la légitimité et des modalités d'intervention d'un Etat économiquement et socialement responsable dans une Europe fédérale intégrée devant répondre aux exigences de la libre concurrence, au sein d'un économie mondialisée. 

Semaine 1 et 2 (2012)
Projet de Traité Européen dont le principe a été entériné le 09/12/2011, en vue de répondre à une crise financière et économique européenne de type systémique en relation avec les dettes souveraines d'une gravité sans précédent, appelant des mesures d'extrême urgence.

En cours de rédaction. Le projet devrait être disponible d'ici à fin Mars 2012, soit dans environ 3 mois. A quoi il faut ajouter les mécanismes et la durée d'adoption, tenant compte pour la France promoteur du dit projet, d'une période électorale.

Pour mémoire
Montant de l'accroissement de la dette publique française par seconde: environ 5 500€. Pour un total de 26 000€/habitant. Besoins immédiats en financement des principaux établissements financiers français seulement touchés par la crise systémique: plus 600 milliards d'euros. 

Entre tentative de réponse en temps réel aux défis d'une économie en chute libre et obsession réformatrice aiguë soulevant (beaucoup) plus d'interrogations qu'elle n'apporte de réponses (puisqu'il n'y en a aucune de cohérente, les questions soulevées demeurant comme suspendues), et complet contre-temps d'avec les exigences économiques de compétitivité ou de financement, ou encore sociales, il est certain que la seule évidence qui s'impose à l'observateur attentif est celle...

de la vacuité. 

Une vertigineuse vacuité, doublée d'une imprécision et d'un amateurisme troublants, au-delà des postures de responsabilité.

L'éloge du vide en quelque sorte.



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