vendredi 6 janvier 2012

Mozart, Beethoven, la paix et le destin

Instant musical



Lorsque Mozart voulut, dans un Andante d'une beauté, d'une suavité et d'une tendresse inouïes, au milieu d'une Symphonie, la 41ème et dernière ce n'est pas un hasard, symbolisant la puissance des forces du destin à l'oeuvre (d'où le nom de "Jupiter" qui lui fut donné bien après par JP Salomon), traduire ce qui ressemble à la paix intérieure d'un être en mouvement qui naît et fleurit par-delà la contradiction et les tensions surmontées.

En ut majeur, elle fut achevée en 1788. Un an plus tard, la révolution que l'on sait éclata. Beethoven composa sa propre Symphonie du destin, la 5ème en ut mineur en 1805. On voit dans ces convergences à quel point les musiciens visionnaires et géniaux étaient imprégnés de la quête d'un humanisme moderne.

Il faudrait explorer plus avant les correspondances entre cet Andante et l'Andante con moto de la 5ème de Beethoven (http://youtu.be/EQIVWhKhwPA), la communauté d'inspiration musicale et de sens étant troublante, par delà la différence des écritures musicales et des styles.

On retiendra ici, par souci de concision, le lyrisme extrême concentré sur une écriture croisée des violons et violoncelles très aboutie; une composition qui se déploie entre deux pôles, d'où la dramaturgie interne de l'opus, entre peur, obstacle, affrontement et, ce dans quoi tout se résout en définitive, paix et félicité d'une âme comblée d'être soi.

Une âme prête pour Beethoven, à la fin de son andante con moto, à affronter la suite d'une chronologie qui réserve d'autres luttes; et pour Mozart, soucieuse de retenir encore un peu ce temps dans lequel la plénitude tant espérée et si merveilleusement trouvée occupe tout le champ de la pensée et du désir.

C'est dans la version de Trevor Pinnock à la tête de l'English Concert que je propose de faire ce magnifique voyage esthétique. Une formation baroque conduite par un chef au faîte de son art, toute en intériorité, en élégance, en retenue, pour une expressivité totale qui rend palpable chaque nuance de la partition comme de l'intention émotionnelle mozartiennes.

Une interprétation qui, pour n'être pas celle des grandes formations symphoniques, véhicule dans son intimité et la perfection du contrôle du son, du phrasé, du timbre, toute la densité secrète de cette oeuvre crépusculaire et pourtant tournée vers l'avenir absolument sublime.

Belle écoute !




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