dimanche 15 janvier 2012

Qu'Il se taise!

(Suite à une notification du Monde indiquant que le Chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, prendrait la parole à la fin du mois de Janvier pour s'adresser aux Français. . Et moins de deux jours après la perte par la France de son Triple A, sur décision de Standard & Poor's

Et de n'avoir rien fait pour empêcher ce qui arriva, son action (sa non-action) expliquant tout au contraire une large fraction des plus récents évènements liés à la notation de la France, tout obsédé qu'il était par son petit pouvoir, tout pétrifié et jusqu'au boutiste qu'il était dans ses schémas économiques erronés et caduques, et aveugle aux réalités financières du moment, 

En ce Dimanche matin de gueule de bois, de consternation et de graves interrogations pour l'économie française,

Il parla. 

Mais c'était bien le moins. Car si rien n'était "insurmontable", comme il l'avait dit avec une légèreté stupéfiante à ce sujet, lors même que l'un de ses conseillers le pointait comme un "trésor national", tout était devenu extrêmement grave. Il ne le savait que trop bien.

Alors, encore et toujours, Il parla. 

Pour annoncer ... qu'Il allait ... parler! 

Aux Français à la fin du mois.

Parler encore et toujours.

Parler pour ne rien dire.

Parler pour tenter d'exorciser l'impuissance.

Parler pour tenter de provoquer une catharsis collective qui n'a d'autre but que d'essayer, dans un ultime spasme, dans une ultime convulsion, toutes deux répugnantes sur le plan éthique et indécentes à la République, de faire croire que le destin de la Nation ne s'écrit qu'avec lui pour les mois qui viennent encore et au-delà, dans un mortel baiser dont le venin a déjà commencé de détruire, véritable nécrose politique, tous les tissus de la Société.

Parler pour tenter de "reprendre la main", vocabulaire de "petit joueur" qui lui va si bien, mais avec notre mise collective et c'est tout le problème, en forçant le destin pour annoncer sa candidature afin de parachever dans les cinq ans à venir le désordre absolu, historique, inégalé, très durable hélas, qu'il aura concouru à introduire et ancrer. 

Parler pour invoquer sûrement la responsabilité, l'unité nationale, la nécessité de faire bloc, l'impératif se persévérer dans le chemin (l'impasse totale) politico-économique choisi et suivi depuis des années jusqu'à l'échec cuisant qu'on voit, et autres éléments d'une tentative, ratée d'avance, de culpabilisation ou d'instauration de la peur (le démagogue à l'état brut, n'est-ce pas). 

Quoi de mieux que les heures parmi les plus sombres d'une Nation en presque 70 ans, confirmée par une perte symbolique et effective capitale, pour déployer une rhétorique éculée dont on connait déjà toute la teneur et les figures, sans exception, dans une tentative de renversement qui tient plus de la partie de bonneteau politique que de la responsabilité de la chose publique? 

Nul ne sera dupe, mais une fois encore, le souffle d'un pantin auquel on aura tout juste rappelé qu'il n'avait rien du démiurge pour lequel il se prend, la belle illusion!, viendra envahir l'espace politique de son néant auto-réalisateur, comme la funeste crise européenne et nationale dont il est pour partie responsable, sa politique ayant fait le lit de la chute. On a les responsabilités de sa fonction, il ne faudrait pas l'oublier quand on s'apprête encore à prendre la parole en vain comme à briguer un second mandat.

Il faudra donc subir, en plus des conséquences économiques graves de son incurie, et jusqu'au bout, sa logorrhée inepte. Et celle de ses zélés et inconsistants porte-parole. 

C'est bien connu et c'est aussi sa fonction, la proximité des urnes délie les langues et stimule la parole politique, démocratique et républicaine (mais pas qu'elle en réalité). Jusqu'à la démagogie parfois. Souvent.

L'un de ses mérites souvent ignoré est parfois, rarement, de faire taire ce qui insulte la conscience politique, l'identité d'une nation, voire les idéaux républicains eux-mêmes.

Certains, beaucoup visiblement y compris dans son camp, ont hâte qu'ils s'en aille. Leur vote futur servant à cela.

D'avoir subi jusqu'à la lie cette apologie de la volonté réformatrice obsessionnelle ne masquant, fort mal au demeurant, que la plus totale incapacité et impuissance, les erreurs de jugement économique et financier et les contre-sens des politiques et mesures engagées ne faisant que consacrer ce fourvoiement absolu que l'on vient de payer de la première dégradation qu'on sait d'un marqueur inestimable quand on pense et vit en euro et pas en dollars, qui sera suivi bientôt d'un nouvel abaissement, la question des agences étant presque annexe tant le diagnostic qu'elles font est juste, que cela plaise ou non.

D'avoir enduré cet éloge permanent de la parole vide et inefficiente,

La France étant désormais symboliquement humiliée, économiquement diminuée (et que cessent les minimisations irresponsables de bon nombre de politiques, journalistes et commentateurs qui ne savent visiblement pas compter), politiquement fragilisée sur le plan européen, parce que financièrement dégradée.

D'avoir à payer pour longtemps désormais le prix de cet interminable, affligeant et consternant bégaiement présidentiel de cinq ans oscillant entre éructation, incantation, trahison, vile séduction, illusion, mensonge, reniement, et autres vices du discours quand il s'allie au pouvoir, 

On aura surtout hâte qu'il se taise.

Qu'Il se taise enfin.


capture d'écran du site lemonde.fr


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