mardi 3 janvier 2012

La Seconde Leçon des Ténèbres de Couperin par Alfred Deller

Instant musical


Entre lamentation, mélancolie, angoisse existentielle, cruelle espérance, paradis perdu, foi tout à la fois fragile et puissante. Le contre-ténor de génie cheminant avec une aisance technique et une densité émotionnelle stupéfiantes dans ce labyrinthe sonore et expressif. Cet enregistrement de 1960 étant d'une modernité saisissante.

Si je devais, là maintenant, utiliser un terme, un seul, pour qualifier cette interprétation, je dirais: immatérielle.

La voix ne chante pas les notes, elle les caresse, les effleure, les flatte, les habite un instant -mais quel instant! - comme une âme qui ne s'épuiserait pas dans la matérialité de son propre corps. Voilà sans doute pourquoi Deller peut explorer chaque intention esthétique distincte au sein d'un ensemble musical pourtant très complexe avec autant d'inspiration et de présence.

Et l'on passe, en effet, grâce à lui, selon le voeu de Couperin, des ombres aux rayons. Nous détournant de cette Jerusalem terrestre détruite vers l'autre, céleste, sur laquelle le temps et sa noirceur n'ont plus de prise.

Lorsque Deller interprète Couperin, on n'écoute pas seulement de la musique. On fait aussi une expérience mystique. Ce qui est un merveilleux privilège.

Belle écoute!



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