vendredi 13 janvier 2012

Perdu!


Finances publiques temps réel (18:10)

Perdu!


(Après vérifications du Monde et sous toutes réserves)

Mise à jour 20:20: Invité du JT d'une grande chaîne TV, François Baroin confirme la dégradation de la note de la France.

Résumons-nous:

On devra donc prévoir +1% de taux à 10 ans, soit entre +2,5 et 3 milliards d'euros par an dès 2012 et environ + 15 milliards d'euros par an en 2017. 

Il va donc falloir augmenter les impôts et baisser encore les dépenses pour supporter la charge de la dette sans compromettre le respect des critères du Traité de Lisbonne et les règles du futur traité européen. Bonne année 2012, chers concitoyens.

Compte-tenu de ces données, la récente réduction de 0,2% de la dette publique totale dont le gouvernement était si fier vient d'être littéralement phagocytée par l'inévitable hausse des taux. 
Un plan de rigueur pour rien. 

Le 3ème plan de rigueur en moins d'un an devra être anticipé et intervenir "avant" la présidentielle donc. Intéressante perspective électorale.

Pour mémoire, le deuxième plan de rigueur a été mis en oeuvre pour économiser... 8 milliards d'euros. Un coup pour rien, copie à revoir. Les français apprécieront.

1% de plus en partant de 3,8% pour le taux à 10 ans, cela donne 4,8% pour le financement de la dette souveraine française. Ce qui nous met désormais en tendance comme en valeur presque sur le même plan que l'Espagne et l'Italie. Qui a du trouver 80 milliards d'euros d'économie. Bienvenue au club des mauvais élèves.

Subsidiairement, le spread avec l'Allemagne va atteindre 200 points. Un record historique et un gouffre.

L'ensemble des établissements financiers, collectivités territoriales et mécanismes européens vont être impactés. Montant total de la facture? Très difficile à chiffrer. En centaines de milliards d'euros sans doute, pour avoir un ordre de grandeur.

Le marché du crédit va s'assécher (le scénario du pire du "credit crunch"), hypothéquant très gravement la croissance et confirmant le scénario d'une hyper-récession, la récession étant déjà avérée.
On voit l'impact général sur les fondamentaux de l'économie nationale.

Durée estimée pour sortir de ce très mauvais pas, à supposer que les budgets successifs le permettent? On comptera en années.

Toute la zone euro va être impactée, et donc la future construction fédérale, la France ne pouvant plus abonder au même taux dans les mécanismes régulateurs (MES). 

Un scénario de crise géopolitique s'ouvre donc, l'Allemagne (épargnée, comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg) ne voulant certainement pas être entraînée dans la tourmente financière qui frappe la France et l'Autriche. 

Petite consolation: l'euro va s'effondrer par rapport au dollar (c'est déjà fait en temps réel). Ce qui nous rendra plus compétitifs mais va renchérir notre facture énergétique. Nous serons donc perdants au regard des volumes et de la balance. Nos amis européens vont adorer, qui vont être touchés eux aussi.

Corrélativement: les marchés ont déjà intégré la perte du triple A pour environ 0,2 à 0,5%. D'où le taux à 10 ans actuel, très élevé. La pression des taux va donc se confirmer jusqu'au point précédemment évoqué.


Pour mémoire:

" Si elles (les agences, ndla) devaient nous le (le triple A, ndla) retirer, nous affronterions cette situation avec sang-froid. Ce serait une difficulté de plus, mais pas insurmontable" Nicolas Sarkozy. Décembre 2011.

"La perte éventuelle de la note AAA de la France ne serait pas cataclysmique" Alain Juppé - Décembre 2011

"Pas insurmontable", certes. 
Mais il va bien falloir trouver les dizaines de milliards supplémentaires qui viennent de plomber nos finances publiques en raison de la mauvaise conduite du budget de l'Etat. 

Vu de l'Elysée ou de Bercy, ou du budget des ménages, de celui des Entreprises ou des Collectivités Territoriales, l'analyse ne va certainement pas être la même.
Il va en falloir du sang-froid et de la chair à dette fraîche, pour compenser cette perte, Monsieur le Candidat-Président.

Accessoirement: vous vous êtes présenté comme un "bon gestionnaire", n'est-ce pas? Euh....


"Pas un cataclysme", c'est déjà beaucoup plus hypothétique. 
Tant financièrement, qu'économiquement, que socialement, que politiquement, que du point de vue de la construction européenne.

Tout le monde n'est pas les Etats-Unis, Messieurs.

Ah, Ah, Ah... 

Glurps!


PS 
Nous étions... Vendredi 13 n'est-ce pas? Comme on a de l'humour chez S & P!

Pour le temps réel sur la perte par la France de son triple A, animé par Françoise Fressoz, spécialiste des finances publiques (et très pertinente dans cet exercice), c'est par ici:





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