vendredi 6 janvier 2012

A propos de l'andante du concerto K 453 de Mozart par Jeno Jando

Instant musical


Est trop éreinté pour faire appel sans limites à Calliope, Melpomène voire Thalie Clio ou Polymnie, afin de tenter humblement de les séduire de telle sorte qu'Erato, Terpsichore, Euterpe et pourquoi pas Uranie (la musique des sphères, n'est-ce pas), dans un harmonieux ballet passant outre leurs grâces spécifiques, puissent exprimer à travers cette perle de collegium d'interprètes, je veux dire le pianiste hongrois Jeno Jando et le Concentus Hungaricus, sous la direction de Matyas Antal, découverte il y a peu, toute la beauté de ce second mouvement du concerto pour piano N° 17 K 453 de Mozart.

Vous a retrouvé ce matin avec l'andante d'une symphonie en ut majeur du génie qui n'est pas autrichien mais salzbourgeois, comme il aimait à le dire de lui-même, ce qui n'est en réalité pas du tout qu'une élégante plaisanterie, tant le géant a su inventer un style qui emprunta le meilleur du brillant esprit viennois d'alors sans y sacrifier une profondeur et une élévation métaphysiques et sublimes qui sont sa marque.

Confirmera donc ce soir cette harmonie, vous quittant avec un autre andante, d'un concerto en sol majeur celui-là, qui a en commun avec le premier une merveilleuse expressivité, une ligne mélodique et harmonique d'une très grande pureté (qu'on écoute par exemple l'entrée bouleversante du hautbois auquel la flûte puis le basson viendront offrir un splendide contre-chant, la nappe des cordes supportant ce gracieux déploiement sonore jusqu'à l'entrée du piano, presque immatérielle et d'emblée infiniment subtile, à 1:55). 

Un 17ème concerto entre paix et inquiétude, la constante étant structurelle chez Mozart, avec une éblouissante utilisation d'un mode mineur inquiétant, obscur et presque angoissé, exactement la même que celle qu'on retrouvera un an plus tard, en 1785, dans ce qui est certainement la clé de voûte de l'édifice pianistique mozartien, le 20ème concerto K 467 en... ut majeur (Comme tout cela est logique quand on y regarde de très près, qui explique si bien la profonde unité de nos perceptions intimes et émotions musicales).

Espère que vous goûterez le même plaisir raffiné et intense à retrouver ce Mozart là, comme à réentendre et peut-être découvrir cette formation et ce pianiste, Jeno Jando, je répète son nom à dessein tant la Hongrie qui s'est vue placée à son corps défendant sous les feux de l'actualité pour de mauvaises raisons dont j'ai parlé Lundi sur ce mur, mérite mieux dans l'excellence de sa culture que les vociférations d'un indigne politique. 

Un pianiste qui a joué avec les plus grandes formations au monde et dont l'extrême retenue associée à une exécution presque ascétique enveloppée dans une présence émotionnelle forte, fait ici merveille pour exalter la délicatesse de l'envoûtante esthétique musicale de l'andante de ce concerto légendaire. 




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