mercredi 5 octobre 2011

De la financiarisation de l'économie, de Dexia et des banques




"Bad bank", "junk bonds", "confiner les actifs à risque", "parquer les actifs toxiques". Lorsqu'on m'apprit la finance, naguère, tous ces mots n'existaient pas. Je suis donc, comme d'autres, un dinosaure qui aura assisté en temps réel à la financiarisation de l'économie. C'est à dire, et de façon factuelle, à la destruction de l'économie de production alors que précisément, la financiarisation aurait du servir au déploiement de ce que l'on nomme aujourd'hui "l'économie réelle" par opposition à "l'économie spéculative". 

Certains disent qu'on peut enrayer le processus. Je n'y crois absolument pas. Il est déjà trop tard. Dexia en apporte une nouvelle preuve s'il en était besoin: après avoir soutenu un banque structurellement déséquilibrée dans ses activités, et ce en faisant appel au contribuable, on procède 3 ans plus tard à un démantèlement en bonne et due forme. En confinant les actifs toxiques, précisément. Et en garantissant les créances et les dettes... à nouveau avec l'argent du contribuable.

Mais des actifs toxiques, MM les politiques, il y a plein les bilans de toutes les banques. Et les dettes souveraines sont en train de devenir des "méta" actifs toxiques, qui plus est dans une économie mondialisée et d'interdépendance universelle. D'où le risque systémique, n'est-ce pas.

Si vous deviez décider maintenant, tout de suite, de façon concertée, de mettre en oeuvre une gouvernance financière digne de ce nom, par exemple en imposant de façon immédiate des niveaux de capitaux et de fonds propres visant à équilibrer les dits actifs toxiques ou très risqués (beaucoup plus vite et dans une proportion beaucoup plus importante que celle imposée par le Traité de Bâle III ,donc), aucune banque n'y résisterait. Ce serait l'effondrement global et immédiat. Elles n'en ont pas les moyens. Elles ne sont pas solvables. Malgré leur communication. Et les Etats encore moins qui sont les débiteurs de ces mêmes banques à travers leur dette publique.

Voilà pourquoi les banques font un tel lobbying pour différer l'échéance. Voilà pourquoi vous ne le leur imposez pas et ne le ferez jamais. Voilà pourquoi les Etats sont devenus les prisonniers des acteurs financiers. Voilà pourquoi les contribuables sont condamnés à supporter les dérives de la financiarisation, signant un chèque en blanc à travers leurs dirigeants. Voilà pourquoi l'économie de production est définitivement morte et pourquoi l'économie financière est désormais condamnée à s'auto-alimenter, s'auto-justifier en détruisant l'ensemble de l'économie réelle sur son passage, et en auto-réalisant les risques et l'effet domino, à chaque secousse amplifiés de quelques degrés. 

Au fait, MM les politiques, de quoi parlez-vous exactement quand vous êtes réunis en G20, en G7 ou en Sommet de la zone euro; et surtout, que décidez-vous ici et maintenant pour faire face à cette réalité économique là?

Capture d'écran du site 20minutes.fr



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