vendredi 7 octobre 2011

De l'excellence




On a coutume, à propos de l'excellence, de la voir comme l'état le plus abouti d'une chose, d'une création, d'une réalisation, d'un être, etc. par rapport aux autres, à ce qui n'est pas elle ou lui.

C'est une erreur. 

L'excellence n'est fondamentalement que l'expression de la plus parfaite coïncidence d'une chose avec son idée, d'une création avec son projet, d'une réalisation avec sa projection, d'un être ou d'une personne avec lui ou elle-même. 

Intrinsèquement, il n'y a pas besoin de comparer, de hiérarchiser pour apprécier ou identifier l'excellence. Elle se situe à l'intérieur, dans le rapprochement de soi à soi. Voilà pourquoi elle est si rare. 

Voilà aussi pourquoi elle est à la fois et paradoxalement si évidente et si délicate à appréhender. L'excellence s'impose d'elle-même, sans référence extérieure. Mais le regard qui se pose sur ce qui est excellent doit lui-même être entré dans la sphère de la réalité qu'il entend apprécier. Or cette intimité présuppose déjà en quelque façon une forme d'excellence de la part de l'observateur. Voilà pourquoi l'excellence est si difficile à saisir. 

Etre "meilleur que" n'est pas pour autant "être excellent". Tout est dit. Le premier relève de l'imperfection et du rapport entre des réalités imparfaites. La seconde ne dépend plus que d'elle même pour exister et être qualifiée. 

Ainsi par exemple, "La Piéta" de Michel-Ange incarne l'excellence faite sculpture. Ou le "J'accuse" de Zola incarne l'excellence faite conscience politique. Peu importe ensuite ce qui a été sculpté ou écrit avant ou après. Ces oeuvres se suffisent à elles-mêmes. Et ne sont pas exclusives d'autres opus eux-mêmes excellents. 

Mais alors, devons simplement chercher à être "meilleurs" que nous ne sommes, ou bien plutôt tenter de devenir... "excellents"? Et s'agit-il pour autant d'une tentation prométhéenne, ou bien plutôt de la forme la plus accomplie de la quête de soi?





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