lundi 19 décembre 2011

Beethoven, CM Giulini et l'homme face à son destin

Instant musical

(Initialement posté sur Facebook. D'où l'adresse à des amis virtuels)

C'est avec la figure de l'homme qui se relève, fier, dans ce IVème mouvement de la 3ème Symphonie, de pouvoir affronter son destin, d'abord hésitant puis de plus en plus fort, après les ténèbres de la "Marcia Funebra" du 2ème mouvement, que je vous laisse, mes chers amis.

Où Beethoven explore toute les possibilités musicales offertes par un orchestre symphonique pour manifester les hésitations, les incertitudes sondées une à une (comme les thèmes de la 9ème, explorés un à un puis rejetés), puis le chant du coeur qui précède les pas, puis l'allégresse, puis le cri jeté à la face du monde de la part d'un être -l'homme, nous- qui, pour être brisé parfois, fragile et même apeuré souvent, décide de braver le temps, ses craintes, l'énigme que constitue l'avenir pour affirmer son vouloir.

Schopenhauer a écrit "le Monde comme volonté et représentation" en 1819. Beethoven a composé cette 3ème Symphonie entre 1803 et 1804. Ce n'est sans doute pas un hasard.

L'humanité, alors aux prises avec de terribles guerres notamment en Europe et traversée par l'idéal révolutionnaire, semblait pourtant trouver en elle la source et la justification de son propre pouvoir, hors toute transcendance ou incarnation de cette dernière.

En cela, le "héros" beethovenien de cette symphonie "héroïque" est à la fois résolument romantique et moderne dont le vouloir concentre toutes les forces de la vie qu'il ne faut pas aller chercher ailleurs qu'en elle-même.

Voilà peut-être aussi pourquoi un sentiment étrange et indomptable de puissance nous envahit face à cette oeuvre symphonique dans laquelle chaque pupitre porte sa part d'énergie incroyable et de lumineuses étincelles, le tout s'en trouvant investi d'une force que rien ne semble pouvoir domestiquer ni arrêter.

Rien sauf peut-être la baguette du chef qui doit contrôler cette puissance et cette explosion sonore permanente.

Ce que Carlo Maria Giulini exécute ici de façon saisissante à la tête du Philharmonique de Los Angeles.

Une interprétation puissante mais parfaitement maîtrisée, ciselée, nuancée à l'extrême, d'autant de couleurs que Beethoven a pensé de postures de cet "homme debout" face à son destin. Avec, constant, un double souci de l'exaltation de chaque partie et de l'harmonie comme de l'équilibre du tout. Car toutes les forces de cet homme fait musique par la grâce du génie de Beethoven sont tendues vers ce but: la liberté et la vie. Ce dont Giulini réalise une bouleversante incarnation.




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