mercredi 21 décembre 2011

De la quasi inutilité actuelle de l'information économique

L'oeil du témoin

(Dans un contexte fait à la fois de succession de mauvaises informations économiques et financières, et de grande pauvreté de la réflexion économique)


(Publié en premier lieu sur Facebook sous la forme d'un "statut", d'où l'ellipse)

(Il)


S'exprime largement et souvent ici et ailleurs sur le sujet économique pour analyser, notamment, les faits et enjeux des soi-disant "avancées" historiques dont les citoyens européens sont gratifiés tous les mois et bientôt chaque quinzaine. Voire tous les jours. Les Ministres aboyeurs présents à l'Assemblée offrant un spectacle pitoyable lorsqu'ils abordent le sujet. Sans parler de leurs gesticulations médiatiques indécentes. Toutes choses qui n'ont désormais qu'un seul but: tenter de justifier leurs reculades effectives au nom de leurs avancées très hypothétiques et quoi qu'il en soit inadaptées tant dans les objectifs que les moyens.

Au vu: 
Des hoquets quotidiens des agences de notation dont le pouvoir de dégrader s'étend sans bornes désormais la faute en revenant non à l'outil mais à la chose mesurée; 

De la confirmation plus même en pointillés d'une dégradation de la note française qu'il avait annoncée de longue date (parce qu'inévitable pour tout observateur avisé), dont la mise sous surveillance négative d'hier par Fitch du FESF donne une éblouissante incarnation; 

De la communication politique sur le sujet qui ne constitue qu'un écran ridicule et désuet qui ne préservera pas des foudres qui sont en train de s'abattre sur l'économie européenne désormais entrée en très grave récession prélude à une hyper-récession devenue inévitable puisqu'on a actionné le volet rigueur sans toucher au levier budget de croissance; 

De l'empilement des mauvais chiffres de tous les indicateurs économiques sans exception qui traduisent le gouffre dans lequel l'économie nationale plonge (trou de 71 milliards d'euros de la balance commerciale; dette augmentée de 500 milliards d'euros en moins de 5 ans; chômage à presque 10%; PIB faisant état d'une croissance nulle au 4ème Trimestre 2011; taux à 10 ans encore bas mais avec un spread avec l'Allemagne qui ne cesse de s'accroître; 3ème plan de rigueur impératif pour atteindre l'objectif de déficit à un peu plus de 5% puis de 4,7% en 2012, etc, etc, etc), confirmant ainsi la réalité de cette hyper-récession;

Du caractère terrifiant et ô combien parlant du soulagement du jour de la zone euro et des banques compte-tenu d'un prêt de la BCE pour 500 milliards d'euros sans lesquels la crise de liquidité était immédiate, mais le problème étant intact puisque la mutualisation des dettes souveraines n'a pas été abordée et que le besoin est de 3000 milliards tout de suite et 10 000 milliards pour couvrir l'ensemble des dettes souveraines des Etats européens;

De l'aveu criant de l'échec du Sommet de Bruxelles qui a conduit, s'agissant de la BCE et du MES à venir, à confirmer un rôle sur la maîtrise de l'inflation, mais aucun sur le financement, puisque au plan structurel, on doit financer le FMI pour qu'il finance... le MES et les Etats. Ce dont on a l'indécence de se féliciter alors que le mécanisme est aberrant qui pointe la faille absolue sur le prêteur de dernier ressort et sur les missions de la BCE et du MES sans doute lui aussi mort-né, lors même que sa dotation de 150 milliards d'euros fait rire (jaune) tous les spécialistes; 

De l'explosion politique de l'Europe de l'après Sommet de Bruxelles du 09/12/2011 quoi qu'en disent les bras communicants des palais présidentiels, avec un Royaume-Uni qui fait désormais cavalier seul et deux cercles budgétaires et monétaires européens qui entérinent une séparation économique encore pire que ne le fut naguère un certain rideau de fer sur le plan géopolitique; 

Et dans l'attente de la seule chose objective qui soit désormais importante à savoir le texte de l'Accord Intergouvernemental faisant office de traité qui régira désormais l'Europe fédérale qui vient d'être constituée sur le plan budgétaire, texte qui ne sera disponible qu'à la fin Janvier 2012.

Pense donc qu'il est urgent de réserver toute analyse sérieuse; est dépité de voir la "soupe" économique servie par la presse spécialisée incapable de prendre le moindre recul face à ce qui se passe, complètement absorbée qu'elle est par les hoquets susmentionnés ou le relais de la communication officielle; pense et voit bien que ses amis (mais pas que) ne sont dupes de rien; et diffère donc sa prise de parole économique et financière jusqu'à ce que l'on ait quelque chose de consistant à considérer, tout le reste n'étant que l'écume des jours de la vie économique de l'interprétation européenne d'un système néo-libéral désormais à l'agonie. Ce qui prélude à des déstabilisations sociales et politiques graves que 2012 viendra hélas confirmer, comme nous aurons l'occasion de le décrypter. 

Attend donc avec gravité et d'un point de vue technique les dites choses sérieuses en matière économique qui n'apparaîtront donc qu'en 2012, tout le reste étant du vent. Y compris la posture d'un certain barreur qui ne barre désormais plus rien du tout, puisque la mèche de safran est cassée, le gouvernail de l'économie nationale française et celui de la zone euro flottant librement dans les eaux économiques qui l'emportent vers la côte déchiquetée d'une crise économique mondiale à côté de laquelle 1929 était presque une partie de plaisir.


Capture d'écran du site fr.reuters.com

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