jeudi 8 décembre 2011

De la dégradation de la notation française annoncée par une agence Chinoise

Chose lue

(Suite à la lecture d'un article publié ce jour sur le site du Monde sous le titre "La dette souveraine de la France dégradée par l'agence chinoise Dagong" - lire le texte intégral en fin d'article)


Capital! S'agissant d'un baromètre très particulier.

Ça (cette dégradation de la note de la France sur sa dette souveraine d' AA- à A+ par l'agence Dagong)  n'est pas du tout une mauvaise, ou une non- nouvelle de plus sur le thème des agences;
Ou une énième manifestation de la folie (la schizophrénie) dégradante de la notation.

Dagong prend en compte des critères ancrés dans l'économie réelle, centrés sur la création de valeur. Et au premier chef, la productivité. 

Or les plans de rigueur empilés et l'Europe fédérale à 17 de type purement financier et monétaire en cours de réalisation parlent de tout sauf de croissance pour une raison très simple: l'économie européenne en général et celle de la France en particulier, est de moins en moins compétitive (la productivité française demeurant néanmoins la 4ème au sein de l'Europe, il faut le rappeler avec insistance). 

Il ne s'agit pas, là aussi, d'être aveugle et de dire que le thermomètre est mauvais, mais de se saisir du questionnement induit par cette dégradation à l'origine de la Chine sur un vrai sujet: 

Comment rééquilibrer les échanges internationaux afin qu'un dumping social principalement à partir des BRICS ne vienne détruire le modèle social européen alors qu'on enregistre les effets négatifs sur le plan financier d'une perte de compétitivité majeure, puisque la récession frappe la zone euro largement tirée, faute de pouvoir faire autrement, par la demande intérieure? 

Sachant que les garde-fou du commerce international (OMC) sont idéologiquement structurés autour de la même théorie économique friedmanienne que celle qui préside depuis toujours et aujourd'hui encore avec un aveuglement coupable, aux destinées de l'Europe.

L'Europe, et pas seulement la France qui a sans doute beaucoup à défendre en matière de modèle, pour avoir réussi à gagner sur le front de la productivité mais pas celui de la compétitivité, est donc interpellée à la fois sous le rapport financier de l'équilibre des comptes publics et sous le rapport économique de la compétitivité.

Plutôt que de défendre une règle d'or nécessaire mais insuffisante, on ferait mieux de penser l'intégration du modèle, et non pas sa désintégration accélérée, à un dispositif performant de création de valeur dans une économie mondialisée et un environnement macro-économique contraignant, la règle du jeu devant être largement infléchie au plan international. 

Et précisément pas dans le sens souhaité par la Chine., notamment Y compris en se reposant la question des barrières douanières. 

Le choix actuel du nivellement par le bas, celui des BRICS, pour cause de défense d'une compétitivité qu'on ne maintient néanmoins pas, comme la dégradation de la note par Dagong en apporte une illustration saisissante, étant un non sens lui aussi à l'origine d'une spirale infernale inévitable, et de la confirmation de la récession. Ce qui est gravissime car la crise sera, nous ne cessons de le dire, à la fois profonde et durable.

Les chantiers économiques sont monumentaux, que le Traité envisagé aujourd'hui même à Bruxelles n'effleure même pas. Comme d'habitude hélas.

Accessoirement, on repensera à la naïveté du Président français le 27/10 au soir, dont nous avons parlé ici (lire le billet "Le Président, la Chine et la crise de l'euro" sur ce blog) et ailleurs, s'agissant de se réjouir que la Chine puisse consacrer ses excédents à un FESF qui est désormais moribond, d'avoir été mort-né faute de dotation. 

La Chine ne prête ni n'importe comment, ni à n'importe qui. Or, selon ses critères, l'Europe et la France sont en train de devenir ce "n'importe qui". Ce qui est faux si l'on prend en compte la totalité de l'économie européenne et le modèle en question dont les critères d'appréciation ne doivent pas être qu'économiques. 

Mais ce qui est vrai sous le rapport des critères d'équilibre et de compétitivité. D'où le nécessaire débat et une négociation internationale qui se doit d'être ambitieuse et forte en matière commerciale, les appels du pied présidentiels étant mortifères du point de vue de la dynamique de négociation. Là aussi, on aura les tragédies économiques et sociales que la médiocrité de nos dirigeants dessinent par leur légèreté masquée sous un activisme ridicule et par des postures graves décalées.






Article du Monde




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