jeudi 1 décembre 2011

Du discours politique, de la Rhétorique et de la Démocratie


(Ecrit le jour du "Discours de Toulon II" prononcé par Nicolas Sarkozy)

Discours de Périgueux sur l'unité de la France (2006)
Discours de Marseille sur le Rêve français (19/04/2007)
Discours sur la lettre de Guy Môquet (6/05/2007) 
Discours Toulon I sur la moralisation du capitalisme (2008)
Discours de Grenoble sur l'insécurité (2010)
Discours de Pierrelatte sur le nucléaire (2011)
Discours Toulon II sur la crise et l'avenir de l'Europe (à venir le 1/12/2011)

Et quelques milliers d'autres en presque cinq ans, au gré du calendrier politique ordinaire ou non, et des évènements nationaux et internationaux.

Il va de soi que quasiment aucune des promesses contenues dans ces discours n'a été tenue; que la plupart des objectifs n'ont pas été atteints quand ils n'ont pas été purement et simplement abandonnés; que la plupart des idéaux ont été foulés aux pieds quand ils n'ont pas été évidemment trahis. 

Et pourtant un certain nombre de ces vues étaient nécessaires souvent, précieuses parfois, visionnaires rarement, édifiantes par exception. Toutes devant toujours constituer la matière d'un authentique débat, car c'est bien la fonction comme l'enjeu de la parole présidentielle: nourrir le débat républicain. Tout n'était donc pas à jeter, loin s'en faut. Aussi se gardera-t-on bien de sombrer dans un anti-sarkozysme primaire s'agissant des propos du Premier magistrat de France.

On devrait toutefois en matière politique comme en matière économique, et à contre-courant d'une logique de communication dévorante et universelle, selon le principe applicable aux "biens non reproductibles" décrit par Ricardo ainsi appliqué au discours politique, considérer que la rareté détermine la valeur, la cherté étant à proportion directe de la rareté.

On évitera soigneusement de verser dans la démagogie qui consiste à dire que les politiques devraient agir et se taire. Car la rhétorique, comme les Grecs nous l'ont appris il y a plus de 2000 ans, et comme Aristote l'a théorisé dans l'ouvrage du même nom, est en elle-même une des formes à part entière de l'action politique qui concourt à la vie de la cité. Sans rhétorique, pas de démocratie donc. Ainsi, que le Chef de l'Etat prenne la parole est chose essentielle.

Tout l'enjeu consistant, pour les orateurs, à faire un usage parcimonieux et éclairé du discours, autant qu'une utilisation intègre sur le plan éthique. 
Et pour les auditeurs, à déceler dans chaque oraison, pour reprendre la classification aristotélicienne, ce qui relève de la forme délibérative ou politique, de la forme épidictique ou démonstrative, et du sophisme. 

Mais la tâche est difficile, on en conviendra aisément, la Rhétorique n'étant que la soeur de la Logique, et non pas sa fille, qui concerne des vérités singulières et contingentes, historiques et contestables donc, et non pas des vérités scientifiques universelles. Le discernement comme la culture politique du citoyen jouent par principe un rôle fondamental.

En matière de discours, une exigence plurielle s'impose à tous s'agissant de permettre à la parole politique d'être synonyme de démocratie et non de démagogie. Car on a les dirigeants et les opposants qu'on mérite en fonction du niveau d'investissement éclairé commun du discours politique.

Orateurs et auditeurs ont visiblement encore beaucoup de progrès à faire.






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