jeudi 15 décembre 2011

De la Justice, de ce qui est ordinaire et de ce qui est exceptionnel


(Suite à la condamnation du Président Chirac, et aux réactions souvent très viscérales, ainsi qu'au débat induit à propos du statut pénal du Chef de l'Etat avec, en arrière plan, la question de l'égalité des citoyens devant la Justice)

Réflexion sur la Justice

C'est au traitement extraordinaire des affaires qui devraient demeurer ordinaires même lorsqu'elles concernent des personnages exceptionnels; ainsi qu'à la mauvaise administration de la justice ordinaire qui concerne chaque citoyen et qui devrait toujours être un acte d'une exceptionnelle qualité, qu'on mesure la vitalité réelle comme le déclin éventuel de la Justice d'un peuple.

D'où l'importance, dans la nécessaire évolution et réhabilitation de la Justice au sein des grandes démocraties, mais pas qu'elles en réalité, de fournir à la Justice ordinaire les moyens, substantiels, d'être toujours rendue avec excellence et en totale indépendance, sans considération aucune de l'importance socio-politique supposée des justiciables ou des parties en présence. 

On en tirera également les conséquence utiles s'agissant des conditions dans lesquelles on accorde sur le plan constitutionnel et de façon exceptionnelle l'immunité à un homme au motif de la nécessaire permanence ou grandeur de sa fonction. Car pour être investi de la fonction suprême, on n'en demeure pas moins un homme ordinaire.

Les Princes soucieux de n'avoir de destin qu'extraordinaire, même lorsque celui-ci est condamnable et le cas échéant condamné dans ses moyens ou ses finalités, ne prospèrent jamais autant que lorsque les peuples sont concentrés sur l'exceptionnel, sans voir qu'il s'agit d'un écran entre eux et la Justice ordinaire, celle qui pourtant les rend véritablement libres.

Où l'on voit que le cas que l'on fait de l'administration quotidienne de la Justice dans un Etat est sans aucun doute l'étalon le plus rigoureux de la démocratie, puisqu'il porte sur la valeur qui la fonde au second plan après la liberté qui en est le but: l'égalité.





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