lundi 7 novembre 2011

Berlusconi, Papandréou, le G20 et les marchés




Je n'ai aucune, mais alors véritablement aucune forme de considération pour le personnage de Sylvio Berlusconi. Et pour cause. 
Reste qu'il est Président du Conseil Italien et à ce titre chef d'Etat. Et qu'il en passe par les fourches caudines des exigences budgétaires européennes avec esprit de responsabilité.

Prenons acte donc qu'un seul G20, celui de Cannes, lors duquel les Etats européens auront entériné leur allégeance définitive aux marchés à travers et en raison de leur dette et du risque systémique induit, aura pu défaire deux exécutifs légitimes même si, normalement, exposés : l'exécutif grec et l'exécutif italien.

L'Europe est en train de reconnaître, sans qu'on puisse en douter sauf à être naïf ou trompeur, ses nouveaux maîtres absolus, ses nouveaux tyrans qui peuvent abattre en une séance un gouvernement en fonction de leur seule interprétation de la faisabilité estimée d'un plan de rigueur pourtant conforme à ses attentes: les marchés.

Etant rappelé que cette même Europe s'est précipitée seule dans leurs bras par incurie en termes de gouvernance économique et financière et sous-estimation du pouvoir de nuisance de ses prêteurs (banques et marchés, justement).

Là, sous nos yeux, en Grèce la semaine dernière comme en Italie aujourd'hui, nous voyons la démocratie non plus perdre du terrain, nous sommes bien au delà de ça, mais voler en éclat sous les coups de boutoir de l'économie néo-libérale. Ou plus exactement de l'abandon total, et de nature idéologique s'agissant d'une position d'inspiration "friedmanienne", à cette dernière. 

On peut perdre temporairement un équilibre budgétaire ou se retrouver en grande tension sur ce terrain, mais lorsque c'est la légitimité même du pouvoir politique de nature démocratique qui est abandonnée face à et à cause des marchés, on entre dans un processus exponentiel de destruction de la démocratie très difficilement réversible.

En ce sens, il n'est pas certain, mais pas certain du tout, qu'il faille se réjouir aujourd'hui de voir Berlusconi "tomber" ainsi, comme Papandréou est tombé il y a quelques jours, le premier pour simplement n'être pas crédible - mais qui l'est en Europe? - pour ce qui est de mettre en oeuvre le plan de rigueur permettant d'atteindre les 3% mythiques d'ici à 2013; le second pour avoir osé souligner que l'ampleur et la lourdeur du plan requis par ses amis et partenaires européens pour sauver son pays et lui maintenir les financements promis, était tel qu'il exigeait comme un impératif absolu une légitimation politique de nature démocratique (par voie référendaire ou, la pression se faisant plus forte brutale voire violente, et la situation internationale plus critique, parlementaire). 

La tyrannie des nouveaux maîtres du monde, aveugles et cyniques, les marchés, est en train de détruire - mais avec notre plein consentement, hélas- dans un mouvement uniformément accéléré ce que l'histoire aura mis plus de 2000 ans à construire. Saisissant.


capture d'écran du site lemonde.fr

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