lundi 28 novembre 2011

Entrée en récession de la zone euro: l'interminable descente aux enfers


Chiffres. Ceux du jour, qui émanent de l'OCDE pour les deux années à venir.


0,2% : la croissance prévue pour la zone euro en 2012. Zone qui va donc entrer en récession en tant qu'entité économique.

0,3% : la croissance du PIB français pour 2012. Qui va donc elle aussi entrer en récession. La nécessité s'imposant de définir et mettre en oeuvre un 3ème plan de rigueur en 90 jours pour trouver les 8 milliards d'euros manquant au regard de l'objectif de réduction de déficit. On rappellera, pour mémoire, que le budget 2012 qui vient d'être voté prévoyait une croissance de 1%. Il devait être "responsable" selon le gouvernement. CQFD. 

10,4% : le taux de chômage prévu pour la France en 2012. Prévoir donc une explosion du chômage en France pour environ 400 000 chômeurs de plus. D'où un effectif global d'environ 4,5 millions. Et la spirale récessive associée, puisque la croissance française est tirée par la demande intérieure et non les exportations.

Les recommandations de l'OCDE:

1) Réduire les dépenses
2) Fusionner l'administration centrale et les collectivités territoriales (communes, départements)
3) Diminuer la durée d'hospitalisation, dérembourser les médicaments, dérembourser les consultations médicales
4) Mettre en oeuvre des réformes structurelles accélératrices de croissance
5) Accroître la fiscalité environnementale et sur la propriété; Diminuer la fiscalité du travail
6) Déréglementer afin de stimuler la concurrence.

La musique n'est pas nouvelle de la part de l'OCDE. Ce programme est exactement celui attendu par la Chine et les BRICS pour déferler de façon irrépressible sur la zone Euro et la laminer. Il est conforme aux attendus comme aux règles de l'OMC, ainsi qu'à la culture du FMI et même de la Commission Européenne.

Mais il ne règle rien. Car on ne cesse depuis des années de mettre en oeuvre des plans de rigueur et des politiques réalisant tout ou partie de ces objectifs. Avec l'absence de résultat confirmée, hélas, par les chiffres du jour de l'OCDE.
Ces derniers constituent donc une preuve éclatante de l'inefficacité des mesures proposées et adoptées jusqu'ici.

C'est donc qu'il faut poser le problème autrement. 
Et si un certain modèle social européen n'était pas un handicap mais une opportunité pour l'économie (ce dont l'évolution de la mentalité et des attentes chinoises par exemple fournit un signe)? Et si les politiques budgétaires étaient "recentrées sur", c'est à dire rééquilibrées "en faveur de", la demande et non sur l'offre?

Le débat est vieux comme le XXème siècle: Friedman vs Keynes

Pour l'heure Friedman a - très largement - gagné. Par KO pourrait-on dire. 
Mais gagné quoi exactement, puisque la sanction est l'appauvrissement général constaté?

Nous savons hélas qu'il y a suffisamment de fous pour penser qu'il faut aller encore plus loin, car d'après eux si appauvrissement il y a, c'est parce que l'on n'est pas allé assez loin dans la libéralisation de l'économie. Ce qui nous promet inévitablement une croissance négative et une paupérisation généralisée des Etats et des peuples. A un horizon rapproché.

Et après?

"Errare humanum est, perseverare diabolicum"


Mise à jour 18h00
Il va de soi que les incantations de François Baroin relatives au rejet d'une logique de 3ème plan de rigueur et la nécessité d'une réponse européenne et concertée ne changent rien à l'analyse qui précède. Chacun des plans étant toujours présenté comme le dernier. Et chaque accord concluant tout Sommet Européen ou du G20 étant toujours présenté comme "définitif". Ce qu'aucun n'est jamais, par définition tant qu'on ne touche pas aux causes, c'est à dire au modèle économique mis en oeuvre.






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