dimanche 6 novembre 2011

A propos de la Légion d'Honneur de Maurice Papon




Qu'il me soit permis de rappeler ceci, qui n'est pas qu'un détail propre à un ordre, mais une donnée majeure des conditions dans lesquelles la République distingue certains d'entre nous, s'agissant des conditions formelles d'attribution de cette distinction:

"L'Ordre National de la Légion d'Honneur récompense les « mérites éminents » acquis au service de la Nation, soit à titre civil soit à titre militaire".

Or le susnommé a contribué, par une culpabilité de crime contre l'humanité reconnue par les tribunaux en 1998, à humilier la République et à mettre la Nation en péril, par sa participation active à l'extermination de certains de ses membres.

De plus, une implication avérée et honteuse de ce haut fonctionnaire lors du massacre des algériens de Charenton en 1961 dont nous venons de fêter le sinistre anniversaire, ne traduit rien d'autre, une nouvelle fois, que le détournement des idéaux de la République, du pouvoir qui lui était temporairement confié au nom de et pour le bien de cette dernière, et la négation des valeurs de respect des personnes et du droit qui fondent la nation et garantissent son unité.

En conséquence, en raison même de ses agissements, Maurice Papon n'est non seulement ni fondé sur un plan réglementaire, ni légitime au regard de l'essence de cet ordre, à rester honoré au nom d'une Nation qu'il aura par deux fois gravement entachée et souillée.

Je ne vois donc pas à quel titre son avocat peut avoir l'indécence, hormis la simple exécution de la tâche pour laquelle il aura perçu des honoraires, de défendre le testament d'un homme que la morale républicaine autant que la règle et l'esprit de la Nation forcent à condamner.

On rappellera utilement que l'ordre en question repose en dernier ressort sur celui qui en est le "Grand-Maître", je veux dire le chef de l'Etat, garant de sa préservation à un degré encore plus élevé que le Conseil de l'Ordre.

Puisque la République à créé et maintenu, à juste titre, des symboles qui sont reconnus bien au delà de nos frontières, dans le monde entier, il serait à tout le moins souhaitable que l'on n'accordât pas au contre-symbole que constitue cet homme déchu là de la Nation, un privilège dérogatoire qui viendrait à nouveau et pour la troisième fois souiller la Nation, jusque dans le noir du tombeau, de façon définitive donc, dans une ultime trahison de ce que nous sommes collectivement. 

Au moment où les marchés contribuent à une certaine forme de remise en cause radicale des identités nationales, il convient plus que jamais ne ne flétrir en rien la puissance de certains symboles de la Nation.




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