vendredi 4 novembre 2011

Du Miserere d'Allegri



Ce n'est déjà plus l'univers sonore de Monteverdi même si seulement une dizaine d'années les séparent, et que la voix du dessus semble tout droit tirée par exemple des "Vespro della beata Vergine".

Ce n'est plus le Grégorien non plus, bien que la base textuelle soit constituée du psaume 51 et que le schéma de l'exposé du motif à une ou plusieurs voix "monophoniques" et de la reprise propre à la psalmodie soit maintenu. 

Ce n'est pas encore complètement le baroque tout en étant merveilleusement polyphonique et lyrique (Ecoutez la modulation et l'imbrication des différentes voix à 5:02 par exemple. A couper le souffle)

Vous pourrez aussi entendre, et ce dès les premières notes la profonde communauté d'écriture de cette oeuvre avec l'adagio pour cordes de Samuel Barber, qui n'a rien d'un hasard et dont je reparlerai ici. Et comprendre, subsidiairement pourquoi le film de David Lynch "Elephant man" a non pas seulement quelque chose de bouleversant mais enferme aussi un élément sacré. Quelle que soit la dimension de ce "sacré" qui n'est pas nécessairement religieux.

On connait (trop) peu Gregorio Allegri qui touche ici au sublime. A tel point qu'il est non pas aisé, mais évident qu'on n'a aucun besoin de faire référence à une quelconque dimension "religieuse" pour être soulevé de terre et emporté loin, très loin; ou intimement, très intimement, pour un voyage entre des univers. Ce "miserere" est cosmique. Vous pouvez aussi repenser aux images de Kubrick dans 2001 odyssée de l'espace (mais n'oubliez pas de "couper" Strauss quelques instants!).

Quant à l'interprétation du Trinity Collège, elle est parfaite d'équilibre et de tension; de limpidité des voix que l'on soit en mode monophonique ou polyphonique; de modulation d'intensité sur un seul souffle, quels que soient les pupitres; de luminosité et de contraste sur les diminutions; de rondeur comme de douceur sur les notes suraiguës; de présence dans les silences comme le veut le grégorien. 

Un joyau.




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