mardi 8 novembre 2011

Une Europe allemande?



Je reviens régulièrement ces derniers temps sur ce blog sur l'une des questions centrales associées à la crise européenne: la place de l'Allemagne dans une Europe en devenir. On trouvera ici, , ou encore  (liste non exhaustive) mes réflexions les plus récentes sur le sujet. (Mais on peut aussi utiliser le moteur de recherche en haut à droite!).

(...)

Réflexions suite à la lecture d'un article d'Atlantico paru ce jour sous le titre "Une Europe allemande est née" proposant une revue de presse de la semaine écoulée d'un analyste financier au sujet de l'Allemagne.

Enfin, on commence à lever le voile sur ce qui est une évidence pour les économistes lucides, et dont je parle souvent ici ou ailleurs, s'agissant de l'Allemagne.

1 - Oui, en raison du déséquilibre nord-sud au sein de la zone euro et de la structure du PIB de l'Allemagne (60% vers les PIGS), l'Allemagne est virtuellement en faillite (passage de 2,9% en 2011 à 0,8% en 2012 pour la croissance. Ce qui ne permet pas de financer la 1ère dette Européenne (loin devant l'Italie et la France) pour plus de 2000 milliards d'euros). D'où sa fébrilité extrême et son arrogance durant le G20 de Cannes. l'Allemagne a peur. A juste titre.

2- Oui l'Europe ne "va" pas devenir allemande, mais "est" déjà devenue allemande en raison de l'orientation majeure imposée à la construction européenne: une Europe monétaire et financière seulement, centrée sur les critères du Pacte de stabilité et créant des "cercles" induisant une Europe à n vitesses; et corrélativement, un abandon du projet politique par captation exécutive et dissociation des organes financiers européens (BCE-FESF), exempte de toute logique fédérale (pas de mutualisation de la dette; pas d'émission d'euro-bonds et surtout pas de constitution européenne de type démocratique)


Lorsque notre Chef d'Etat est revenu triomphant de Bruxelles le 27 Octobre, nous n'étions que très peu à souligner qu'il était allé à Canossa. Qui plus est d'une double façon.

En premier lieu en faisant allégeance aux marchés par le fait même de devoir tirer les conséquences en termes de stabilisation financière de la zone euro et des banques par accroissement de la dotation du FESF et renforcement d'une tutelle directe à l'égard de l'économie grecque.

En second lieu en satisfaisant en cela et en tous points aux exigences de l'Allemagne qui a imposé son point de vue à un Nicolas Sarkozy qui n'a rien pu opposer ni négocier.

On mesure bien la qualité du plan de communication, et la vacuité de l'annonce. Voire même l'ampleur du mensonge présidentiel d'alors.

Amis européens, vous ne pouvez ignorer que notre Europe est désormais allemande. De fait. Et ce n'est pas du tout, mais alors pas du tout une bonne nouvelle. Le propos n'étant emprunt d'aucun nationalisme stérile. Car c'est à l'aune d'une Europe fédérale qu'il faut apprécier ce funeste glissement. Sans compter que si l'Europe est devenue allemande dans son projet et sa direction effective, alors que l'Allemagne est virtuellement en faillite au regard des chiffres, chacun concevra aisément que dire qu'on fonce dans le brouillard est encore un doux euphémisme.

Je repense ici aux propos d'Edgar Morin dans l'article que j'ai mis hier sur mon mur. La catastrophe est probable. A nous d'inventer le probable qui va nous permettre d'en sortir. Comme à chaque fois. A ceci près qu'il va falloir être extrêmement inventifs, courageux et surtout solidaires, ce que ne fait pas du tout l'Allemagne et qui est d'autant plus préoccupant. A fortiori lorsque la France n'aborde pas même le sujet de façon officielle. Et pour cause.

*
Addenda


A un ami qui se fait l'écho d'une rumeur concernant un possible retour du Deutschmark.

J'ignore si ce que tu rapportes a un quelconque fondement. Pour tout te dire je ne crois guère à ce type de rumeur.
Car l'Allemagne n'a pas même besoin de cela pour, un temps du moins, confirmer son hégémonie.
Ceci étant, et là aussi la chose est "dans les tuyaux" des recommandations de certains économistes: puisque la dette de tous les Etats européens ne peut être financée par aucune croissance proportionnée, il faut relancer cette dernière au plan européen par une dévaluation de l'euro (que ne l'a-t-on fait depuis longtemps!) par achat massif de devise européenne.

Le premier stade sera douloureux par renchérissement immédiat de la dette, mais la compétitivité de la zone euro sera ensuite renforcée au plan international face à la Chine (c'est le plus important) et au dollar. La croissance repartira et le poids de la dette redeviendra supportable, la Chine elle-même ayant été "repositionnée" sur le plan monétaire.

Mais je crois nos amis Allemands incapables d'accepter cette réalité. Il faudra donc, ce que je pense profondément, descendre encore quelques crans plus bas, ne serait-ce que le temps pour l'Allemagne de déchoir et de devoir se plier à une logique véritablement européenne.
Ce qui va être très, mais alors très douloureux. Pour l'Europe tout entière.








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